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Analyse

Autour de la notion de caricature

Autour de la notion de caricature
© Musée Carnavalet, Paris / Ph. Coll. Archives Nathan
La terrible actualité de l’attentat contre Charlie Hebdo a mis une nouvelle fois la question de la caricature – ce "baromètre de la liberté d’expression" (1) – au cœur des pensées et des débats. Dans le cadre de l’enseignement de l’Histoire des arts, en cycles 2 et 3, il est possible d’aborder certaines notions en lien avec ce sujet et adaptées à l’âge des élèves, et notamment d’un point de vue historique, afin qu’ils acquièrent quelques repères qui leur permettront d’adopter une posture plus avertie lorsqu’ils croiseront à nouveau ces thématiques hors du contexte scolaire. En voici quelques-uns, à l’attention des enseignants, qui pourront éventuellement les utiliser pour leur pratique pédagogique, à l’occasion de questions d’élèves à propos de l’actualité de ce début d’année 2015, ou – et cela est sans doute préférable – plus tard, et de manière indirecte. Toutes les œuvres citées ci-dessous sont très facilement trouvables sur Internet.

Quelques préalables

L’image, c’est du texte.

Roland Barthes, dans un article célèbre de 1964 intitulé Rhétorique de l’image, note le caractère fondamentalement polysémique des images, et constate qu’à cause de cela leur sens est beaucoup moins en elles-mêmes que dans les textes qui les accompagnent. Pour illustrer cela, il peut être intéressant d’afficher au tableau une image – par exemple une œuvre d’art que les élèves ne connaissent pas (2) – et de leur demander de proposer un titre. On s’apercevra alors que les différents titres proposés donnent des sens très divers à cette image unique. On pourra alors conclure avec les élèves que les images qui signifient par elle-même sont effectivement très rares (3). C’est presque toujours le texte qui leur est associé qui leur donne pleinement sens, et ce dernier peut être écrit (titre de l’œuvre au minimum, texte affiché sur un cartel près du tableau dans le musée, article qui accompagne l’image dans un magazine, ou plus simplement "grand texte" – mythologie, texte biblique, œuvre littéraire... – illustré par l’image, etc.), ou oral (commentaire d’un guide dans le musée, ou du journaliste à la télévision, etc.). On pourra également faire l’expérience inverse, et constater qu’il nous est totalement impossible d’accéder pleinement au sens des images dont le titre (ou le texte écrit ou oral d’accompagnement) a été perdu, comme par exemple celles qui sont sur les murs des grottes préhistoriques. Aujourd’hui, on doit se contenter d’y voir des animaux en mouvement, et rien d’autre. Pourquoi ces animaux ? Que font-ils ? Qu’expriment-ils ? Que signifient-t-ils ? Impossible de répondre avec certitude à ces questions : on ne comprend donc rien, ou presque, à la signification de ces images (et les chercheurs se perdent en hypothèses tout aussi difficiles à prouver les unes que les autres). La caricature n’échappe évidemment pas à ce qui est développé ici, et elle a même souvent tendance à placer son sens plus dans le texte (légende de l’image, bulles de dialogue…) que dans le dessin.

L’image n’est pas le réel.

Le tableau de Magritte intitulé La Trahison des images (1929) est un excellent moyen de démontrer cela, qui n’est pas du tout une évidence au premier abord. Cette peinture montre une pipe, représentée de manière réaliste, sous laquelle est écrite la phrase "Ceci n’est pas une pipe". Il est intéressant de la présenter aux élèves, et de leur demander ce qu’ils pensent de la relation de l’image de la pipe à sa légende. Il est fort possible que plusieurs d’entre eux s’indignent du fait que la phrase est erro...

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