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Entretien

Christian Staquet : Créer une fierté de soi

Christian Staquet : Créer une fierté de soi
©D.R.
À l’école, le travail sur l’estime de soi passe par l’accueil de la parole de l’enfant et par une attention soutenue à la construction de son identité.

L’enseignant peut-il aider à renforcer l’estime de soi ?
Christian Staquet :
L’estime de soi est en grande partie bâtie sur le lien social, l’appartenance, l’échange et, en dehors des adultes de la famille, par l’école et l’environnement direct de l’enfant. Elle s’appuie principalement sur les pairs. L’enseignant peut la favoriser par une série de stratégies pédagogiques. D’abord son regard : est-il bienveillant, de confiance, de respect et de permissions à la réussite sans jugement ? Il sera aussi vigilant à l’égard de ses messages : il n’adressera pas de message négatif à la personne de l’élève, mais mentionnera son comportement, ses actions, son travail. Les messages du type tu es toujours…, encore toi ?, doivent être abolis au profit d’un autre type d’affirmation. Lorsqu’un message difficile est transmis, il doit rendre l’enfant intelligent, lui montrer le sens de son comportement inacceptable et terminer par une demande de changement, dont l’expression est essentielle, car elle invite à apprendre un autre comportement. Enfin, l’enseignant peut apporter son aide à la construction de l’estime de soi par les pairs.

Comment cela s’exprimera-t-il ?
C. S. : L’enseignant permettra à chacun de s’exprimer, en jouant le jeu de l’autonomie (en équipes) et de la responsabilisation de soi et de sa production (avoir un objectif, un résultat ou une conclusion). Le groupe d’enfants travaillera sur la notion d’écoute : chacun mérite d’être écouté, la parole de tous vaut la peine. Cela donne une place et une importance à chacun, permet la lutte contre les discriminations, les représentations négatives. L’enfant se rendra compte alors qu’il apprend aussi des autres de la même manière que les autres apprennent de lui. Si son idée, à un moment, n’est pas retenue, ce n’est pas grave, il peut ainsi relativiser son influence. Mais au moins son idée est exprimée ; il prend sa place au sein du groupe.

Et pour les enfants qui ont du mal à prendre leur place ?
C. B. : Les enfants introvertis ont peur de prendre la parole en grands groupes (au-delà de quatre, pour certains enfants, c’est la foule). La prise de parole est facilitée dans un groupe restreint. Mais l’enseignant peut accepter que certains enfants soient moins motivés, ou que l’expression orale ne soit pas leur fort. D’autres moyens seront utilisés, comme le dessin ou le bricolage collectifs. L’enseignant peut aussi établir des règles : on ne juge pas la personne, mais l’idée, restant ainsi dans une zone de respect. L’enfant se nourrit de signes de reconnaissance, du type : j’ai bien entendu ton idée. Les enseignants ne travaillent pas assez les feed-back positifs. Cela rejaillit...

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