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François Dubet : "L’idée de recentrer sur des programmes et des objectifs à atteindre est plutôt bonne"

François Dubet - Nouveaux programmes et réforme
© DR
François Dubet est sociologue et auteur d’ouvrages sur l’école et l’éducation, en particulier sur les inégalités. Il porte un regard assez critique sur l’institution scolaire telle qu’elle s’est construite au 20ème siècle.

Estimez-vous que nous vivons un basculement dans la manière d'enseigner les apprentissages dans les écoles maternelles et élémentaires ?

François Dubet : Ces réformes, qui sont des injonctions, ont été faites voici quelques mois. Attendons donc plusieurs années pour savoir ce que cela va produire. En tout cas, la tendance générale est de recentrer l’école élémentaire sur les apprentissages fondamentaux. On sait que 20% des élèves ont des lacunes en sortant de l’école élémentaire.

La seconde idée qui entraîne de fortes réticences côté collège est de rapprocher l’école élémentaire du collège et de le décrocher du lycée. Mais cela me paraît une bonne idée de rapprocher ces deux écoles vers une école commune, c’est une tendance de long terme plutôt positive. Car si les élèves ont des lacunes, le reste de leur scolarité deviendra extrêmement difficile.

Vous interrogez également la formation des enseignants…

F.D : Je regrette que la formation des enseignants soit un peu défaillante. Certes, il me paraît important de se former au niveau master, mais rentrer dans la formation à ce niveau-là survient trop tard. Cela conduit à des choix par défaut du métier d’enseignant. Les ingénieurs et médecins choisissent un peu plus tôt. Pour des raisons de syndicats, d’histoire, la formation commune à tous les enseignants, collège et élémentaire reste limitée. On est encore loin du compte.

Cette année comme les précédentes, j’entends que les enseignants sont un peu inquiets. Je constate des discours balançant entre deux extrêmes : d’un côté "on ne sert à rien" et de l’autre, "nous sommes face à des exigences impossibles à satisfaire".

Si on se projette un peu loin, on gagnerait à ne pas tout demander à l’école. De ce point de vue, l’idée de recentrer sur des programmes et des ambitions à atteindre est plutôt une bonne chose.

Je préfèrerais des programmes modestes mais que l’on exige, plutôt que des programmes ambitieux que l’on n’exige pas. Je crois que les enseignants sont fatigués que l’on leur dise sans cesse qu’il faut changer alors que l’institution elle-même ne bouge pas tant que cela.

Comment voyez-vous l'apport du numérique dans les apprentissages ?

F.D : Il y a des âges importants pour être mis en contact avec les outils numériques et je ne suis pas certain que cet apprentissage doive se faire de manière très précoce. Je serais très favorable à ce que les élèves soient familiarisés avec un outil numérique plutôt contrôlé par l’école. L’objectif est que les enseignants intègrent le numérique dans leurs pratiques. Toutefois, le danger est que le numérique devienne une spécialisation enseignante, qu’il devien...

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