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Analyse

La structuration de l’espace en maternelle

La structuration de l’espace en maternelle
© Todd Wright/Getty Images
La structuration de l’espace en maternelle relève d’une évidente dimension physique et pratique mais sous-tend des enjeux civiques forts qui renvoient à la mission fondamentale de l’école comme lieu de vie, de savoirs, de savoir faire, mais également lieu d’apprentissage du vivre ensemble.

Accepter qu’un enfant se déplace sans contrôle, c’est lui reconnaître l’indépendance. Lui laisser, lui donner le droit de construire des objets physiques, c’est lui faire entrevoir que l’on peut changer des choses dans le monde”, souligne M.-G. Pêcheux(1). Même si “pour l’homme, les rapports spatiaux sont des rapports de force” la mission de l’école est peut-être moins de devoir préparer les élèves à la “lutte des places”(2), que de former les élèves capables d’envisager l’espace comme le substrat du rapport à l’autre. Les différentes dimensions géographiques de l’existence – sensible et culturelle avec le paysage, sociale avec le territoire, fonctionnelle et pratique avec, par exemple, la distance, sans oublier le rapport à la nature avec la dimension environnementale – peuvent être abordées en maternelle. D’essence sociale, la structuration de l’espace est aussi, et de manière corrélative, individuelle : “Vivre c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas cogner” nous dit G. Perec(3), et l’enjeu est aussi de donner à chaque élève les outils pour se construire de plain-pied dans le monde, de rendre intelligible “le schéma de notre action possible”(4) sur ce dernier, ce qui suppose d’appréhender l’espace et plus encore les espaces, de construire des représentations et d’être capable de les utiliser ensuite dans la pratique (déplacement) comme dans d’autres cheminements intellectuels relevant aussi bien des mathématiques que des arts visuels. Au total, il s’agit de proposer, en appui sur l’ensemble des disciplines, une proto-géographie.

Un capital spatial à construire
La construction de ce “capital spatial” ne concerne évidemment pas seulement l’école maternelle, mais celle-ci offre un moment à la fois capital et favorable. Capital car, à son entrée en maternelle, l’enfant est en pleine production de sa géographie de par le développement du langage (par l’usage des mots il interagit avec l’environnement humain ; entre deux et trois ans, il maîtrise 200 à 300 mots qui lui permettent de nommer son espace proche). Grâce à son développement cognitif, il procède déjà à une mise en ordre en construisant des catégories spatio-temporelles qu’il est capable de nourrir et de modeler par son imagination pour penser d’autres possibles géographiques. Le développement social et affectif lui fait produire déjà un “atlas des émotions”, parallèlement est déjà en place une géographie affective dont l’une des polarités est la “base de sécurité” représentée par les parents. Enfin, son développement moteur lui ouvre des horizons nouveaux mais encore neufs et lui permet de sortir du déterminisme physique primordial. Sans même prendre en compte les interactions avec l...

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