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Analyse

Le dialogue comme prévention de la violence

Le dialogue comme prévention de la violence
Ce n’est qu’un début, J.-P. Pozzi et P. Barougier, 2010. © Coll. Christophe L.
De nombreux auteurs se sont penchés sur la question du rapport entre le dialogue et la violence : dans quelle mesure le premier peut-il être un outil pour lutter contre le second ?

Les résultats des recherches de Marie-France Daniel et Michael Schleifer ont permis de valider l’hypothèse selon laquelle les enfants de 5 ans développent leur capacité à dialoguer lorsqu’on recourt au dispositif lipmanien de philosophie pour enfants. Notons que, lorsque nous parlons de "dialogue", c’est au sens fort du terme : non pas simplement un échange verbal mais une entrée en relation de deux êtres qui s’écoutent et se répondent. En ce sens-là de dialogue, en tant que compétence dialogique, l’apprentissage du "dialoguer" fait l’objet d’une pratique professionnelle et nécessite d’y être formé.

Des recherches prometteuses
Ces résultats, bien que prometteurs, ne sont cependant pas suffisants, de l’avis de ces auteurs, pour soutenir que le dialogue philosophique contribue directement à une prévention de la violence. Raison pour laquelle une équipe de chercheurs devrait, selon eux, conduire d’autres expérimentations "pour étudier dans quelle mesure l’apprentissage du dialoguer entre pairs constitue une véritable éducation préventive". L’amélioration de nos connaissances actuelles en matière de régulation des émotions négatives nous permet cependant de penser que l’apprentissage du “dialoguer” par la discussion à visée philosophique permettrait de réguler la colère et surtout les comportements violents auxquels elle mène. Le recours à la violence, physique en tout cas, se présente en effet souvent comme un aveu de faiblesse : une difficulté – voire une incapacité – à verbaliser un ressenti et, a fortiori, les raisons de la colère.

La place des émotions
Le recours à la philosophie pour enfants, avec l’objectif explicite de faire réfléchir les enfants à leurs émotions, devrait leur permettre dans un premier temps d’identifier leurs émotions, en particulier d’identifier leur colère, pour, dans un deuxième temps, leur faire comprendre la cause de leur émotion, en particulier, ce qui les met en colère. Selon Ilios Kotsou, la colère, comme toute autre émotion d’ailleurs, est généralement la manifestation d’une insatisfaction face à un besoin : par exemple, la situation ou l’interlocuteur a, intentionnellement ou non, attenté au besoin d’estime de soi, au besoin de reconnaissance, au besoin de respect... Apprendre aux enfants à identifier leur colère pour ensuite leur permettre de verbaliser leur sentiment d’insatisfaction devrait considérablement diminuer le recours au comportement violent, par exemple en leur apprenant à se poser la question : "De quelle autre manière pourrais-je satisfaire ce besoin ?" En effet, la colère n’est pas une émotion négative dans l’absolu puisqu’“elle nous renseigne sur nos frustrations et nous insuffle l’énergie nécessaire pour réagir à la situation."Ce qui e...

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