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Entretien

Un outil formidable

Un outil formidable
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Les dernières décennies ont permis une avancée dans la connaissance des mécanismes de l’acquisition de la mémoire. Alain Lieury nous livre son expertise.

Est-il utile, selon vous, de consacrer du temps à mémoriser ? Ne devrait-on pas plutôt apprendre à apprendre ?
Alain Lieury : Il faut apprendre des contenus car apprendre à apprendre est largement une illusion. Le cerveau, contenant 200 milliards de neurones, est immense et spécialisé en plusieurs mémoires. Si les mémoires sensorielles sont éphémères (la mémoire sensorielle visuelle dure 1/4 de seconde), nos mémoires sont abstraites, de la mémoire lexicale qui enregistre la carrosserie des mots (orthographe et phonologie) à la mémoire sémantique (le sens des mots). Ces dizaines de milliers de mots (25 000 jusqu’à la 3e), il faut les apprendre, sur tous les plans, lexicalement, sémantiquement, plus les images qui leur correspondent (image d’un volcan, visage d’un personnage historique). Il n’existe pas de méthodes miracles qui développeraient une technique permettant de "créer" tous ces stocks par magie en mémoire ; car au niveau neurobiologique, le stockage d’un mot, d’une formule, correspond à des prolongements de neurones qui poussent et qui se connectent de façon spécifique. La seule méthode est l’apprentissage à l’école.

Vous affirmez que la mémoire des enfants n’est pas meilleure que celle de l’adulte et que plus l’enfant grandit, plus sa mémoire s’améliore !
A. L. : La plupart des gens pensent que la mémoire des enfants est meilleure que celle des adultes ! Mais les expériences de laboratoire ou à l’école montrent toutes, depuis un siècle, que plus l’enfant devient grand et meilleure est sa mémoire, les performances les plus importantes sont atteintes par les adolescents et jeunes adultes, entre 15 et 25 ans. La mémoire baisse un peu avec l’âge après 40 ans. En revanche, pour la mémoire procédurale, c’està-dire la mémoire des apprentissages sensoriels et moteurs, la plasticité du cerveau est plus grande avant dix ans, comme le révèle une étude spectaculaire de l’imagerie cérébrale chez des violonistes. Il existe donc des périodes critiques selon les mémoires, où les apprentissages sont plus faciles. Sur le plan pratique, les apprentissages sensoriels et moteurs sont plus faciles avant dix ans, tandis que les autres mémoires, lexicale, sémantique, se développent jusqu’à l’âge adulte.

Avoir de la mémoire est-il un gage de réussite ?
A. L. : Oui, tout à fait ! Le cortex est le disque dur de notre cerveau-ordinateur. Sans apprentissage, c’est comme si vous aviez un ordinateur tout neuf, mais sans logiciels et sans fichiers. De plus, le cerveau est composé de neurones, et c’est la spécificité et la multiplicité des connexions entre neurones qui assurent le stockage. Par exemple, mes études avec des professeurs de collèg...

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