L’abécédaire des bruits
Lorsque l’enseignante a eu connaissance du projet contre l’illettrisme présenté par son département, le Val-de-Marne, l’un des axes proposés – "Progresser vers la maîtrise de la langue" – a immédiatement retenu son attention. L’idée de réaliser avec ses élèves de MS-GS des imagiers et des abécédaires s’impose assez vite, de même que l’envie d’associer ceux-ci au travail sur les sons et la discrimination auditive. Le projet d’un abécédaire des bruits prend ainsi tout son sens, en lien avec des progressions pluridisciplinaires établies sur l’année.
Classifier les ouvrages
Qu’est-ce qu’un abécédaire ? En quoi se distingue-t-il des autres ouvrages ? Avant même de débuter la réalisation d’un abécédaire, encore fallait-il s’assurer que l’ensemble des élèves savaient distinguer les différents types d’ouvrages. Pour le vérifier, Valérie Gaultier est partie "des actions des enfants en les faisant travailler par groupe". L’objectif, classer les ouvrages par genre dans différentes boîtes. En amont, l’enseignante avait mis à profit la découverte de chaque nouvel ouvrage pour en faire ressortir avec ses élèves les caractéristiques : beaucoup d’images, plus de textes, la présence de mots ou de phrases, etc. "En lien avec l’objectif "Se familiariser avec l’écrit", les enfants ont notamment travaillé sur les repérages visuels pour identifier les phrases, un ensemble de mots avec des espaces entre", explique-t-elle. Valérie Gaultier profite de chaque séance pour enrichir le vocabulaire. "Ici, nous avons travaillé sur le vocabulaire spécifique à l’objet livre : le format, la couverture, la reliure, la matière, etc." Une fois les documentaires distingués des albums, les enfants peuvent passer à la séance suivante : distinguer imagier et abécédaire. "C’était aussi une façon de les conduire vers l’un des objectifs forts de la maternelle : "se préparer à apprendre à lire et à écrire"." La consultation de plusieurs abécédaires (empruntés par l’enseignante à la médiathèque) laisse rapidement apparaître une caractéristique forte : la permanence de l’alphabet et l’ordre immuable des lettres. Pour structurer le travail de ses élèves, l’enseignante leur propose d’abord de réaliser plusieurs imagiers, l’un sur les consignes et le matériel scolaire qui peut être enrichi tout au long de l’année, l’autre sur les vêtements (profitant de la lecture du Petit Chaperon rouge). Une façon ludique de faire comprendre aux enfants qu’un même objet peut avoir plusieurs représentations (dessin, photo) et de les amener vers la notion de prédictionnaire. "Nous pouvions alors réinvestir ces apprentissages pour réaliser notre abécédaire des prénoms", explique l’enseignante.
De la lettre au bruit...