Le plaisir des mots
Cela tient en deux phrases dans le programme de 2008, en toute fin du paragraphe sur le vocabulaire : “="Tous les domaines d’enseignement contribuent au développement et à la précision du vocabulaire des élèves. L’emploi du vocabulaire fait l’objet de l’attention du maître dans toutes les activités scolaires." (1) Mais pour Carole Brach, enseignante en CM1 à l’école Serpentine de Colmar, le travail lexical est bien plus que ces deux phrases isolées. C’est une véritable démarche au long cours.
À peine quelques semaines après la rentrée des classes, le mur droit de la salle est déjà en partie recouvert par deux grandes affiches sur lesquelles sont inscrits les mots rencontrés au cours de différentes leçons, assortis de mots de la même famille. "C’est une méthode que j’expérimente de manière plus formalisée depuis cette année, mais j’ai toujours pratiqué cela. L’idée est qu’ils aient des réflexes quand ils sont face à un mot qu’ils ne comprennent pas, qu’ils aient l’idée de se servir des mots de la même famille, et du dictionnaire si vraiment ils ne trouvent pas par déduction", explique l’enseignante.
Créer des stratégies
La leçon à laquelle nous assistons aujourd’hui est une leçon d’histoire. Lorsque l’enseignante leur indique qu’ils vont parler des Gallo-Romains, les élèves sont ravis et poussent des exclamations enthousiastes. "De quoi avons-nous parlé la dernière fois ?", demande l’enseignante. "De vestigium", répond immédiatement un élève. "Oui. Et en français ?" "Les vestiges", répondent les enfants. "Qu’est-ce que ça veut dire, vestigium ?" Les élèves ont retenu la définition latine : "la trace du pied". "Donc ça veut dire quoi les vestiges ?" "C’est une trace du passé."
L’exercice du jour consiste à entourer dans un texte les mots correspondant à des vestiges laissés par les Gaulois. Les élèves ont entouré le mot poterie. L’un d’entre eux va chercher une image de poterie, que Carole Brach affiche au tableau."On retrouve ce mot et on le surligne, demande-t-elle. Quels sont les mots en rapport avec poterie qui vont nous permettre de comprendre ce que c’est ? C’est en quoi, une poterie ?", interroge-t-elle. Un élève vient lire sur l’affiche : c’est en terre cuite. "Qui fabrique le pot ?" "Un potier", répond un enfant. "Un artisan", propose un autre. Il faut sortir une troisième affiche, les deux autres sont déjà remplies. "Un artiste", propose encore un élève. Carole Brach inscrit ces nouveaux mots sur l’affiche. "Quel est le point commun entre ces deux mots ? Dans ces deux mots, il y en a un troisième qui existe tout seul", indique-t-elle. Elle obtient la réponse, "art", et entoure en rouge le radical. "L’idée est de leur donner des stratégies face aux mots nouveaux, précise l’enseignante. Par exemple, v...