Le maître référent en maternelle, un contexte particulier
L’école maternelle, du fait de son positionnement initial dans le cursus scolaire, reste pour beaucoup de familles un système de références et de repérage permettant de se situer par rapport à une “norme”. Ce mécanisme est spécifique car il s’estompe peu ou prou au fil des années de scolarisation. Pour le référent, cette réalité dépasse la seule notion d’aide ou plutôt lui donne une dimension plus complexe car allant, pour beaucoup, au-delà de ses compétences et surtout de ses prérogatives.
Une situation complexe
Concrètement, dans le cadre d’une scolarisation à l’école maternelle, l’enseignant référent accueille souvent des parents qui construisent leur identité parentale sur le déni du handicap ou qui sont dans un processus de deuil. Autant de réalités qui, non exemptes de souffrance, de révolte, d’incompréhension vont parasiter l’écoute et l’information qui, de la part du référent, visent à aider ces parents à mieux cerner ce qu’ils peuvent et sont en droit d’attendre de l’École, et cela dans une perspective inscrite dans un projet, c’est-à-dire : la scolarisation de l’élève handicapé. Certes, le référent ne peut à lui seul accompagner les processus en jeu. Son rôle est alors de fédérer autour de lui les compétences, qu’elles soient externes à l’école (ressources proposées par l’intersecteur médico-social) ou internes (médecin scolaire, psychologue scolaire). Or, on ne peut que constater le fait que ces ressources ne peuvent pas toujours répondre, du fait de carences en personnels, à sa demande d’action conjuguée. Il est alors important que le référent connaisse les mécanismes qui interviennent dans la relation qui s’instaure entre ces parents, marqués notamment par un sentiment de manque et d’incomplétude qui va réactiver angoisse, culpabilité, mécanismes défensifs.
Entre le parent et l’Institution
Un autre contexte peut s’imposer à l’enseignement référent dans le cadre d’une scolarisation en maternelle : c’est la rencontre avec des familles qui ont dû se battre pour obtenir leurs droits et celui de leur enfant. Mieux informées, ayant parfois un manque de confiance envers les institutions, elles posent souvent des exigences peu ou difficilement compatibles avec la réalité affirmée des objectifs d’une école maternelle qui se “scolarise” de plus en plus et a tendance à se centrer plus sur les performances de l’écolier et de l’élève que sur la réalité de l’enfant. Ou bien, elles se heurtent aux insuffisances du système éducatif, que ce soit en termes de formation spécifique des personnels ou tout simplement de moyens d’accompagnement et de scolarisation. Le référent, parce qu’il est alors le premier représentant de l’institution scolaire, et par là porteur de sa légitimité, est alors direc...