Des échanges autour du conte
Alice Da Silva est arrivée cette année à l’école Hippodrome (Reims). Elle a apporté avec elle le projet des “enfants conteurs” qu’elle avait initié dans une autre école, en ZEP, partant du constat que les enfants avaient des difficultés de compréhension en lecture et un vocabulaire pauvre. “C’est un projet très porteur car le conte est fédérateur, il permet de communiquer entre classes”, souligne l’enseignante. Le projet des “enfants conteurs” s’est ainsi naturellement retrouvé au coeur de la liaison entre maternelle et élémentaire. Il a été intégré au projet d’école, et au décloisonnement du vendredi s’est ajouté un échange autour du conte : tous les jeudis, les élèves de Grande Section d’Alice Da Silva vont raconter des histoires en CP ou dans d’autres classes de l’école élémentaire.
Un lien inscrit dans les programmes
“La liaison avec le CP se développe car, depuis 2008, elle fait partie des programmes et doit entrer dans le projet d’école, commente l’enseignante. Les deux pôles sont la Grande Section et le CP, mais le projet a des répercussions au-delà. Les autres classes ne sont pas exclues.” Les grands ont ainsi déjà rendu visite aux CE1 d’à côté, et comme Alice Da Silva a aussi des moyens, ils ont également pris part au projet et sont capables de conter des histoires. Le résultat est impressionnant. La première histoire racontée par les grands aux CP qui sont venus dans leur classe ce jour est celle de la princesse ratonne. Le conte fait intervenir différents personnages (le roi raton, le soleil, le nuage, etc.), interprétés par six enfants qui se placent dans l’ordre d’apparition de leurs personnages. Chacun tient une marotte représentant son personnage et joue son rôle impeccablement, en mettant le ton et en retrouvant les termes et les situations qui permettent de dérouler l’histoire. La deuxième histoire est celle du petit cochon qui ne voulait pas rentrer à la maison. Le récit est relativement long et, à chaque étape, la phrase s’allonge et s’enrichit d’un nouveau personnage qui s’ajoute aux précédents, ce qui donne une phrase avec beaucoup d’éléments à retenir et à dire. La performance est d’autant plus impressionnante que ce conte est dit par une petite fille d’origine étrangère qui ne parlait pas bien le français en début d'année, au niveau de la syntaxe et du lexique. “Grâce au projet conte, elle a énormément progressé”, note l’enseignante. La petite fille, très concentrée, termine son histoire sans une faute. Suivent encore quelques contes comme celui de la grenouille à grande bouche. La petite fille qui le dit a, elle aussi, travaillé son jeu : elle insiste sur certaines syllabes comme si elle parlait en coassant. Pour d’autres contes, les enfants ont des maro...