Coins de jeux et jeux de rôles

Les enfants ont besoin de jouer, fonction essentielle pour se construire et apprendre ; c’est cette valeur du jeu, au sens que lui donne Winnicott, comme espace symbolique de transition et de représentation pour appréhender le réel, qui est analysée ici et mise en œuvre dans les coins de jeux.

"Le jeu devrait être considéré comme l’activité la plus sérieuse des enfants". Montaigne

Jeu et espace transitionnel

Le jeu créatif est le prélude à toute l’expérience du monde autour de soi, à l’expérience culturelle. Pour Winnicott [1], il ouvre une aire privilégiée de la connaissance de soi et d'autrui, pour aboutir aux expériences culturelles et à l'activité créatrice. Quand on regarde un enfant qui joue, on se rend compte souvent qu'il est dans un état proche du retrait. On a l'impression qu'il évolue dans une bulle, il ne nous voit pas, il ne nous entend pas, mais si on s'approche, il s'arrête. Jouer, c'est prendre un échantillon du monde extérieur et le mettre au service de son monde intérieur. C'est aussi extérioriser un morceau de son monde intérieur pour le faire exister comme objet extérieur.

Jouer, c'est cette partie de l'expérience créatrice qui force l'enfant à créer, à inventer la réalité extérieure qui existe déjà, mais que l'enfant a le sentiment de créer. C'est peut-être seulement quand il joue que l'enfant est libre de se montrer créatif, par un fonctionnement de l’activité un peu libre, un jeu de libres associations, de libres rencontres. L'état de jeu peut être fragile, une irruption extérieure peut l'interrompre, des irruptions peuvent venir de l'intérieur avec des excitations trop grandes qui envahissent l'espace. Le jeu est détruit ou suspendu : "Pouce !"

Par l'exploration du monde qu'il suscite, le jeu contribue à façonner l'identité de l'enfant.

Le jeu dans les projets de programme

Le jeu reprend place de manière tout à fait officielle dans les projets de programmes, au paragraphe 3.1. qui s’intitule Apprendre en jouant. On a demandé aux enseignants de se prononcer sur cette proposition en novembre, et ils ont apprécié. Dans le texte, des arguments en faveur du jeu sont développés : il favorise la richesse des expériences vécues des enfants et alimente tous les domaines d’apprentissages. Il permet l’exercice de l’autonomie, l’action sur le réel, l’élaboration de fictions, le développement de l’imaginaire, la communication avec les autres. Il leur permet de se construire au sein d’une communauté et d’y tisser des liens. Diverses formes de jeux sont citées : les jeux symboliques, les jeux d’exploration, les jeux de construction et de manipulation, les jeux collectifs et les jeux de société, les jeux fabriqués et inventés...

Le texte précise que le rôle de l’enseignant est de donner du temps suffisant pour que s’installent des activités de jeu. Il peut observer les enfants dans leur jeu libre pour mieux les connaitre, participer à un jeu initié par des en...