Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne
Les possibilités offertes par de nouvelles techniques (la tomodensitométrie par exemple), les fouilles et découvertes récentes, conduisent les égyptologues à ré évaluer les liens que l’Égypte ancienne entretenait avec le règne animal, liens jugés zoolâtres et considérés avec mépris depuis Hérodote. Cette belle exposition donne une juste idée de la présence animale dans un monde complexe. Les écoles de la région ne manqueront pas de s’y rendre ; pour les autres, le dossier pédagogique constitue un documentaire remarquable, que l’on complètera avec la bibliothèque de l’école.
Neuf salles déploient avec ampleur et belle recherche muséographique les trésors de plusieurs institutions, dont le Louvre et deux musées de Barcelone. Elles sont organisées en fonction d’une évaluation précise du rôle des animaux et de leurs liens avec les Égyptiens, entre l’époque prédynastique (quatrième millénaire) et l’époque romaine. La première salle expose la diversité de l’iconographie en relation avec le peuplement animal de l’Égypte, installant des animaux naturalisés aux côtés de leur double artistique. Les huit autres salles déclinent l’éventail des relations entre l’homme et l’animal : sujet d’observation et d’admiration dans la salle suivante, l’animal devient objet de consommation à travers la nourriture qu’il procure, puis auxiliaire dans les travaux des champs, et compagnon quotidien dont la mort plonge la famille dans le deuil. Les quatre dernières salles explorent le rôle des animaux au niveau symbolique et religieux : l’animal apporte à l’homme une forme d’intelligibilité du monde, et comme tel il sert d’intermédiaire avec le divin. Le chacal charognard visite les tombeaux : ainsi sera-t-il leur gardien sous la forme d’Anubis et présidera-t-il à la momification. Et si le crocodile inspire la peur, celle-ci devient force protectrice dans le dieu Sobek, associé à la fertilité du Nil et aux victoires militaires. Mais, comme l’explique Alain Charron, l’animal vivant n’a aucune valeur religieuse, seule la momification lui confère un caractère sacré. Par l’offrande d’une momie, un contact s’établit avec le dieu résidant du temple, dont on espère un bienfait, santé ou longévité.
On accordera une attention particulière à la salle 5, où l’animal est montré dans son intimité avec l’homme (chats et chiens, mais aussi chevaux et singes). Les artistes égyptiens savaient faire preuve de satire, montrant des animaux singeant des hommes, à la manière des fables ou des contes.
Après cette merveilleuse promenade, si le paysage nilotique n’a plus aucun secret pour le visiteur, l’étonnement, face à la civilisation égyptienne, demeure entier.