Inscrire la scolarisation des élèves handicapés dans l’ordinaire de l’école
66% des écoles élémentaires étaient concernées en 2011 par la scolarisation d’au moins un élève handicapé1. Ce changement de politique, surtout depuis 2005, ne peut produire des effets que s’il s’appuie sur des principes et un fonctionnement qui ne reposent pas sur le seul engagement personnel des enseignants. Et les pratiques pédagogiques destinées aux élèves handicapés ne peuvent plus être conçues comme des compétences spécialisées hors de la professionnalité enseignante ordinaire. L’inclusion scolaire est pour beaucoup une affaire de compétences collectives.
Or, la façon d’aborder la scolarisation des élèves handicapés passe encore par une séparation nette entre enseignants généralistes et spécialisés. Non pas du point de vue des valeurs – les bienfaits du partage de l’expérience scolaire avec des élèves ordinaires sont généralement admis –, mais sur celui des gestes professionnels des enseignants, selon une typologie des aides et adaptations pratiquées en classe. Les enseignants généralistes pratiquent la guidance, c’est-à-dire une aide rapprochée en cours de travail, et un ensemble d’interventions de stimulation et de valorisation de l’élève. Les enseignants spécialisés, de leur côté, maîtrisent une gamme d’adaptations pédagogiques qui portent sur les supports, la différenciation des tâches au sein d’une même activité, les modalités d’évaluation, le recours à des outils didactiques. Ce partage est l’héritage de la période où le relais était assuré par les enseignants spécialisés quand l’écart à la norme était jugé important, les difficultés étant graduées en fonction des capacités des élèves à suivre le rythme des apprentissages du groupe classe. Cette logique demande aujourd’hui à s’inverser. La classe ordinaire doit désormais être conçue sous l’angle des possibilités d’apprentissage qu’elle peut offrir, moyennant des adaptations et des aides compensatrices, à tous les élèves ayant des besoins spécifiques.
Des compétences collectives à construire
Les pratiques effectives sont rarement conformes aux textes réglementaires. Quelques attitudes de base mériteraient pourtant d’être développées. Ainsi nous avons constaté de meilleures conditions de scolarisation pour l’élève handicapé à chaque fois que celle-ci faisait l’objet d’un partage des tâches dans l’école par toute l’équipe pédagogique. Souvent l’enseignant de la classe gère seul les rapports avec les parents, les partenaires, les divers problèmes organisationnels liés aux emplois du temps des interventions, à la présence de l’AVS, etc. Or aujourd’hui, les procédures quelquefois complexes (rapports avec la CDAPH, les partenaires médicaux sociaux…) sont à maîtriser par l’ensemble des équipes. Et lorsque le directeur ou la directrice peut assurer...