Adama. Le Monde des Souffles
La petite communauté dans laquelle vivent Adama, son frère Samba et leur famille paraît idyllique : soutenue de fortes traditions, elle vit en autarcie dans un grand cirque que ferment de hautes falaises. Les influences extérieures n’y parviennent qu’à titre de rumeur. Au-delà des falaises, il y a le monde des Nassârâ, qui semble si dangereux aux yeux des sages du village. Le film commence avec la vision paradisiaque de jeunes garçons plongeant dans le lac formé par une chute d’eau descendant de la falaise. Le plus vaillant d’entre eux se lance du point le plus haut. Samba, le grand frère d’Adama, témoigne ainsi de sa force de caractère et montre déjà sa volonté de transgresser la règle ancestrale. Le jour de son initiation, une mouette traverse le ciel, et le vieux sage refuse de poursuivre : il a vu que Samba possède une énergie incompatible avec la règle du village, ne jamais aller au-delà des falaises. En effet, Samba a reçu une prime d’engagement de la part de recruteurs qui cherchent des soldats pour la guerre en cours en Europe. Il part dans la nuit. Bravant l’interdiction qui lui est faite, Adama se met en route dans l’espoir de ramener son frère au pays. Commence alors le long périple qui le conduit d’abord à Dakar où est amarré le "Général Maugin", un grand paquebot qui porte le nom de celui qui est à l’origine de la "force noire". Puis, au terme de péripéties qui le mènent de la campagne provençale dans un cabaret parisien, puis dans un train pour le front et Verdun, Adama retrouve enfin son frère, qui se bat comme un guerrier. Sous les bombes et dans les vapeurs du gaz moutarde, ils sont sauvés grâce à la magie du joueur de flûte, Abdou. Les deux frères retrouvent le paradis qu’ils avaient quitté. Samba a survécu aux horreurs de la guerre, Adama a grandi dans les épreuves qu’il a traversées, et la vie va reprendre. De beaux personnages traversent la quête d’Adama, tels Djo qui l’aide à plusieurs reprises ou Elsa, bravant son galopin de frère pour conduire Adama à la gare.
La réalisation ne cède en rien aux goûts du jour et montre une magnifique exigence esthétique : elle s’appuie sur une grande connaissance (et amour) de la peinture, et montre que la violence de la guerre peut demeurer telle malgré, ou grâce à, la beauté des images. De Monet à August Macke, les sources d’inspiration plastique ne manquent pas, on pense aussi au Caillebotte du Pont de l’Europe ou au film de Roman Polanski, Le Pianiste, dans Varsovie détruite. Et c’est là un des grands plaisirs du dvd, qui permet de s’arrêter sur la construction d’une image et de mieux apprécier le remarquable travail d’animation.
Certains voient dans Adama un personnage plutôt pâle, simple subterfuge pour faire sentir aux spectateurs les horreurs de la guerre et de V...