Le Petit Poucet et Voici l'histoire
Voici l’histoire [1] est celle d’une amitié naissante. L’album (textes et illustrations de Sara Donati [2]) en présente d’abord les protagonistes : une plante minuscule qui va devenir une plante géante, Fante, un éléphant qui s’ennuie, un couvercle de théière confondu avec un chapeau… Mais aussi, Hydromel qui adore l’odeur du thé et en prépare tous les jours dans sa théière incomplète,si quelqu’un venait toquer à sa porte. C’est aussi une histoire qui finit bien, dès lors que la plante géante va relier les deux êtres en mal de solitude.
Très belles dans leur simplicité, les illustrations invitent à s’interroger pour saisir des relations de cause à effet. D’abord au graphite, dit crayon de papier, ces dessins prennent peu à peu des couleurs, à mesure que l’on se rapproche d’une fin heureuse.
Le Petit Poucet [3], petit format adapté à la taille du personnage éponyme de cet ouvrage, est un album très original et très subtil de par ses illustrations constituées de broderies visibles recto verso. Celles- ci révèlent ainsi, côté verso et en négatif, l’envers du décor. Elles offrent, par exemple, un côté double de la forêt, à la fois attirante et inquiétante. En fait, l’histoire du Petit Poucet n’y est que partiellement contée et, dans cette forêt, on rencontre pèle-mêle : le Chaperon rouge, Bambi et les trois ours.
Autant d’histoires qui se croisent, donnant lieu pour deux d’entre elles à une nouvelle version lorsque le petit Poucet sauve la grand-mère du Chaperon rouge .Des histoires qui font peur aussi. Et quand l’illustration montre l’ogre (un cyclope) pleurant des larmes de sang ou quand on voit la gueule du loup qui a avalé la grand-mère, on retrouve l’atmosphère des contes de dévoration qu’il est bon de découvrir à plusieurs. Par ailleurs, subtilité supplémentaire, si tout semble bien finir, au revers de la dernière illustration, on ne peut que s’interroger en entendant gronder les ours… Une fin ouverte.