L'étude PISA 2012 confirme l'urgence à repenser l'école
Invités du Grand Soir 3 (France 3) pour réagir à ladite étude, Maryline Baumard, journaliste et responsable du service éducation du Monde, Daniel Picouly, écrivain, et Véronique Chauveau, professeure de mathématiques au lycée Camille Sée (Paris) n’ont pas été surpris des résultats de l'étude PISA [1]. L’écrivain Daniel Picouly, non sans humour, se réjouissait presque “que l’on commence à toucher le fond” et que l’on doive “enfin prendre des mesures radicales”. La professeure Véronique Chauveau , avec son “regard du terrain” constate depuis plusieurs années que les élèves (en l’occurrence des 1res et Tles S) sont “moins à l’aise avec les notions élémentaires et le sens des opérations”. Souvent, “ils n’ont pas d’image mentale, pas de représentation de ce qu’ils sont en train de faire quand ils font une opération”, et ce dès l'élémentaire. Questionnés sur l’origine de cette dégradation, les trois invités ont pointé du doigt la formation, notamment en mathématiques, et le rapport aux mathématiques, la charge des programmes - “un temps limité pour un programme pléthorique”. Maryline Baumard citait les méthodes de travail dans les pays asiatiques, qui ont pris les premières places du classement : “C’est un enseignement très en profondeur, sur des notions très fines, avec un temps long pour mémoriser ; le professeur n’avance pas tant que toute sa classe n’a pas acquis le notions.” La journaliste a par ailleurs rappelé que l’écart entre “bons” et “mauvais” élèves se creuse depuis plusieurs années. Comment expliquent-ils ce “renforcement des inégalités” ? “On a mis en place une école libérale, une école où on réussit en dehors de l’école, où on lui retire ses moyens – formation, RASED, etc.”, telle est la conviction de Daniel Picouly.
Interrogé par Le Nouvel Observateur, Éric Chardonnier, expert de l’OCDE, dresse le constat suivant : “Un système scolaire est d’autant plus performant qu’il est moins injuste socialement. Il faut centrer les programmes scolaires sur l'acquisition des fondamentaux.”
Enfin, l’Institut Petite Enfance-Boris Cyrulnik, rappelle à l’occasion de la publication de ces résultats que l’éducation de l’enfant ne commence pas à 2 – 3 ans, mais bien avant. Pour réduire les inégalités, la France doit aussi mener une réflexion approfondie pour une véritable éducation de la petite enfance.