De l’espace proche à l’espace plus éloigné

L’espace, l’enfant le vit dès sa naissance. Pour lui, c’est avant tout une découverte sensorielle : l’odeur de sa mère, le visage des membres de sa famille, les bruits familiers, son berceau, son doudou et le mobile qui tourne au-dessus de sa tête. Il s’en contentera quelques mois puis, dès qu’il sera capable de déplacements autonomes, il deviendra le vaillant explorateur de tous les espaces qui l’entourent.

L’espace, chez le tout-petit, ce sont d’abord les sens. C’est l’endroit où l’on se meut. L’espace, c’est soi-même ! Vient le temps de l’école et c’est là que l’enfant va devoir amorcer ou construire une meilleure organisation de ses gestes, mais aussi créer ses relations avec le monde extérieur et surtout découvrir que “l’espace c’est (aussi) les autres” : motricité, langage, socialisation, ouverture au monde, accès aux symboles et à l’abstraction. C’est pourquoi, à l’école, pour construire la notion d’espace, il faut mettre en oeuvre les compétences de tous les domaines. La particularité de cette construction, c’est que l’espace, avant d’être représenté, doit être non seulement vécu, exploré, mais formulé, mis en mots. L’expérience spontanée est indispensable, mais elle ne saurait suffire ; seul le recours au langage garantit pour l’enseignant, mais aussi pour l’enfant lui-même, le progrès dans la connaissance de l’espace : les informations qu’il capte dans son environnement ne prennent sens que lorsqu’il peut se dire (et dire) : “je reconnais cet endroit” ou “j’en suis loin.”