Le jardin à l'école
Les mots agriculture, culture et culte ont des racines anciennes parfaitement communes, comme pour montrer à quel point l’idée même de jardin connote de façon inextricable aussi bien le corps (qui travaille la matière du jardin et se cultive lui-même par l’effort fourni) que l’esprit (qui travaille les formes du jardin et se cultive lui-même par l’activité de la pensée). Et c’est peut-être cette complétude qui fait que la Bible décrit un jardin, nommé Éden (Délices), comme décor de la création mythique de l’humain. À l’école, rares sont les supports d’apprentissages qui peuvent prétendre à une parfaite et totale inter disciplinarité. La création et l’entretien régulier d’un jardin figurent assurément parmi les premiers d’entre eux. C’est cette dimension interdisciplinaire que ce dossier propose de développer. L’entretien avec Gilles Clément, grand paysagiste, créateur de nombreux jardins (par exemple au Musée des Arts Premiers, quai Branly à Paris), inaugure cette problématique en rappelant à quel point la culture, la sensibilité et l’émotion individuelle sont essentielles pour cet enclos, protégeant “le meilleur”, qu’est un jardin. C’est ce que le reportage dans le jardin d’une école maternelle de la Marne tente ensuite d’illustrer, où l’on voit entre autres qu’il y a du travail au jardin, sans interruption de début septembre à fin juin, couvrant tous les domaines scolaires. Les pages d’analyses, écrites par deux formateurs d’IUFM, l’un en sciences et l’autre en arts visuels, présentent enfin un panorama des très nombreux espaces de complémentarité entre les sciences et les arts que peut proposer un jardin potager et/ou paysager à l’école. À l’heure où, comme le propose Gilles Clément dans ses écrits, se dessine de plus en plus autour de nous la perception de notre environnement globalisé comme un jardin planétaire, dont chaque être humain doit désormais être le jardinier attentif, le jardin à l’école ne devrait-il pas tout simplement s’imposer comme une nécessité ?