Le patrimoine, entre histoire et mémoire

Il serait possible, aujourd’hui, de décliner le patrimoine à la manière de l’Inventaire de Prévert : Une église, Deux hauts-fourneaux, Trois manuscrits, Une usine avec sa machine à vapeur, Un vignoble réputé, Des chants grégoriens… Cet ensemble disparate d’“objets” patrimoniaux révèle combien le concept de patrimoine, depuis quelques années, s’est diversifié. D’une notion élitiste, qui concernait surtout des oeuvres d’art reconnues, le patrimoine est passé à une notion plus globale, puisqu’il concerne désormais tout l’héritage d’une civilisation.

Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, Karima Haoudy, conservatrice de l’Écomusée de Bois-du-Luc en Belgique, incite réfléchir sur le sens à donner à ce patrimoine pluriel par rapport à la mémoire, à l’histoire, à la vision donnée d’une société et aux grandes questions d’actualité qu’il met en relief. Gracia Dorel-Ferré, docteure en Histoire, engagée dans une réflexion sur les problématiques liées au patrimoine industriel, revient sur l’évolution du concept de patrimoine et sur le passage du patrimoine, bien national et beauté de notre culture, au patrimoine, paysage culturel évolutif tel qu’il vient d’être défini par l’UNESCO. Cette extension de la notion de patrimoine se traduit concrètement dans les écomusées puisque, sur un site, comme l’explique Hito Khemissê, historienne de l’art et archéologue, se rencontrent des formes diverses de témoignages du passé. À l’école élémentaire, le patrimoine, c’est d’abord celui de sa ville, celui qui donne du sens à son quartier. C’est sur ce patrimoine que l’on entraîne les élèves à l’observation, au respect, à la réflexion sur une mise en valeur possible, voire à un projet de restauration comme on le voit dans le reportage effectué à l’école de la Gare à Soissons. Ce sont ces patrimoines, dans toutes leurs richesses, que ce dossier propose d’aborder.