Mieux comprendre le street art
Quelques repères historiques
À quand remontent les premières traces d’art urbain dans l'Histoire ? Les spécialistes ont tendance à se quereller sur ce sujet.
Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est que depuis une cinquantaine d’années, l’art urbain bouscule les codes et se fait petit à petit une place de choix dans le grand monde de l’art contemporain.
Il part pourtant de loin. À ses débuts, et encore maintenant pour de nombreuses personnes, il a été perçu comme un objet de vandalisme et associé à de simples dégradations urbaines. Il faut dire que peindre sur un mur sans autorisation reste un acte répréhensible au regard de la loi. Mais les mentalités évoluent.
Depuis quelques années, pour d’autres, l’art urbain est devenu un axe de développement pour leurs politiques culturelles et artistiques. Festivals, expositions dans les musées et les fondations, performances publiques et commandes officielles, les artistes trouvent de plus en plus d’espaces pour s’exprimer légalement aux yeux de tous.
Écrire, peindre, dessiner sur les murs, c’est au final une activité vieille comme le monde.
Depuis l'Antiquité, les hommes laissent des traces de leurs passages sur les façades des maisons où ils ont élu domicile. Les inscriptions et les graffitis retrouvés dans les vestiges de Pompéi en sont un parfait exemple.
Mais si on se focalise sur l’intention artistique de ce geste graphique, c’est aux États-Unis, au début des années 60 que l’on trouve réellement les pionniers du mouvement. C’est à Philadelphie et à New York que le graffiti s’est dans un premier temps développé. À l’époque, dans les quartiers populaires et déshérités de ces mégalopoles américaines, une poignée de jeunes adolescents, souvent en marge de la société, décident d’inscrire leurs noms, pseudos ou emblèmes sur les murs de la ville pour simplement, exister. Au départ, l’objectif est juste de laisser une trace, une façon de dire, je suis passé par-là. Mais rapidement, c’est une guérilla urbaine et artistique qui va s’enclencher entre ces artistes improvisés. Cornbread, Futura2000, Phase 2 ou encore Taki 183, le gloire reviendra à celui qui sera le plus vu et qui prendre le plus de risques.
Dans le prolongement de ce mouvement, de nombreux artistes vont occuper tour à tour le devant de la scène. Un certain Keith Haring va notamment faire parler de lui au début des années 80 en dessinant d’étonnantes silhouettes de bonshommes dans le métro. Proche de Jean-Michel Basquiat et d’Andy Warhol, il restera comme l’un des plus brillants ambassadeurs du street art dans le monde et ses images sont devenues depuis des emblèmes de notre culture populaire.
En traversant l’Atlantique et en entrant au contact de la culture européenne, le street art va c...