3 questions à...Hervé Thibon
L’École Aujourd’hui : Qu’apprend-on en arts visuels ?
Herbé Thibon : On y acquiert des savoirs disciplinaires, comme le fonctionnement des images selon les notions plastiques qui les structurent, et le lexique qui s’y réfère. À travers la pratique artistique, les élèves acquièrent des gestes et des techniques, et améliorent leur pouvoir d’expression plastique. Ils explorent pour cela des opérations plastiques précises et les réinvestissent dans des productions autonomes où leur créativité se développe. On y acquiert également des savoirs méthodologiques. Ceux-ci ne sont pas pour la plupart spécifiques à la discipline et sont donc transférables. On y apprend à voir à interroger son observation, à verbaliser ses ressentis visuels, donc à les décrire et les interpréter. On apprend aussi à mener un travail jusqu’au bout, à avoir confiance en ses idées, à collaborer, à écouter, à se mettre au service d’un groupe... Plus spécifiquement, on y apprend aussi à évaluer son travail de façon formatrice, notamment par comparaison de sa démarche avec celles de ses pairs ou d’artistes. Enfin, la dimension culturelle de ces apprentissages est importante. L’élève est amené à rencontrer et connaître des oeuvres et des artistes. À travers eux, il découvre la multitude des formes d’expression et perçoit les intentions des créateurs. Il apprend à lire et à analyser une oeuvre, à affûter son regard critique, à adopter une posture autonome et responsable face aux images. J’ajouterais que, comme pour toute discipline scolaire, il est indispensable que l’enseignant considère l’évaluation de ces savoirs.
LEA : Quelles sont les relations entre les arts visuels et l’Histoire des arts ?
H.T : Les oeuvres ont toujours eu une place majeure dans le déroulement optimal d’une séance d’arts visuels, pour induire la situation problème, pour l’illustrer, ou bien pour en indiquer certaines solutions. La relation arts visuels/Histoire des arts existait donc bien avant la création de l’enseignement de l’Histoire des arts à l’école. Désormais, si on peut mener séparément des activités de pratique plastique et des séances d’Histoire des arts du visuel (de l’espace, ou du quotidien, les deux autres domaines reliés aux arts visuels), il me semble important et efficient de trouver des structures d’enseignement permettant d’établir des ponts cohérents entre les deux activités. La pratique des arts visuels en tant que discipline et l’enseignement de l’Histoire des arts s’étayent mutuellement, de par leur nature même. Il me semble que, pour mieux percevoir les oeuvres du patrimoine, une structure très efficace peut être de commencer par une pratique plastique et sensible préalable, qui met en appétence les élè...