Céz Art - "Le street art à l’école : une plus-value de visibilité et de rayonnement"
Céz Art, vous êtes un jeune artiste de l’art urbain. En quoi consiste votre travail et quel a été votre parcours ?
Je suis un artiste plasticien qui travaille actuellement selon deux principes différents mais en relation forte l’un avec l’autre. Le premier principe est celui du travail en atelier, en vue d’une présentation en galerie. Le second principe est celui de la production pour l’espace public, plutôt au printemps et en été. Les thématiques de ces deux types de productions sont généralement très proches.
Après des études en option Arts plastiques jusqu’au bac, qui m’ont beaucoup apporté, j’ai choisi de me lancer directement. Si j’ai été marqué par les pratiques "sauvages" ou "vandales" de mes ainés dans ce domaine, et qu’il m’est arrivé d’installer des productions sur l’espace public sans autorisation préalable, mon travail pour la rue se fait depuis longtemps en relation avec des commandes, et dans un cadre légal. Mes premiers travaux n’étaient pas de l’art urbain. Fortement influencés par la Figuration libre et le Pop art, ils prenaient forme de manière assez intuitive, n’hésitant pas à jouer sur de l’écriture (peinture) automatique. Depuis que je travaille pour les murs de la rue ou des espaces publics, c’est au contraire la préméditation et la réalisation d’un objet pensé jusqu’au moindre détail qui forme l’essentiel de mon activité de création.
Quelle est votre définition du street art ? Et le terme lui-même vous convient-il ?
Les mots "street art" sont tout simplement la traduction anglaise des mots "art urbain". Je suis conscient que ce domaine artistique vient du tag, démarche "sauvage" voire "vandale" née à la fin des années 1960, de marquage du territoire par une individualité (activité pas nécessairement artistique, du moins consciemment), et du graph, où domine le travail sur la lettre, selon des pratiques souvent du même ordre du point de vue de la légalité. Pour moi l’utilisation de l’appellation "street art" ou "art urbain" est une façon de désigner aujourd’hui une pratique artistique à part entière, qui suit une démarche créatrice assumée en tant que telle, dont la caractéristique majeure est de se développer sur l’espace public, avec comme ambition de proposer un art gratuit, lisible tout de suite et pour tous, sans filtre culturel ou élitiste. Un art populaire au sens le plus immédiat du mot. C’est cela qui me plait et me motive dans ce travail !
À quoi sert le street art, en fin de compte ?
À embellir le quotidien souvent morne et gris de la vie citadine, tout simplement. Mettre de la couleur, étonner, amener à réfléchir aussi.
Votre travail est centré sur la figuration animale. D’où vient ce choix ?
Il participe de la même idée de recherche d’embellissement du quotidien de la ville. Je place sur les murs citadins des images de très beaux animaux qu’on ne trouve pas habituellement dans la rue. Cela crée des rencontres insolites. Je choisis surtout des animaux qui sont en voie d’extinction. Pour leur redonner une place qu’ils perdent de plus en plus. Pour sensibiliser aussi les gens à cette triste réalité, ou pour la leur rappeler. Mais je cherche généralement à donner à cette présentation un esprit positif. Il est rare en effet que mes productions soient misérabilistes ou crues. Les couleurs et les formes sont belles, et c’est la beauté et la majesté que je veux montrer avant tout. En figurant le monde animal, il me semble également que je touche à quelque-chose d’universel, de cosmique, et en tout cas de vivant, pouvant faire rêver.
Vous avez à plusieurs reprises travaillé avec des élèves. Que retenez-vous de cette expérience ?
Afin de ne pas me disperser et de garder de la fraicheur avec les élèves, j’essaye de pas m’investir dans plus d’un ou deux projets scolaires par an. C’est en revanche une activité qui me plait énormément. J’ai travaillé avec des élèves de lycée sur la création d’une grande fresque murale et sur l’animation plastique d’éléments de mobilier. J’ai aussi entièrement repeint la façade d’une école, avec ses 220 élèves et l’ensemble de l’équipe pédagogique, élargie à certaines structures sociales du quartier et aux parents d’élèves (nombreux et très actifs).
Je tire de ces expériences d’excellents souvenirs. Ce qui m’a semblé le plus intéressant et le plus important, notamment pour la décoration monumentale de la façade de l’école, c’est l’aspect fédérateur de ce type de projet. Toute l’équipe pédagogique a participé, avec des échanges entre les diverses classes de l’école, et un investissement des parents qui m’a semblé d’une qualité remarquable. Cela est sans doute vrai de beaucoup de projets artistiques scolaires, mais je suis persuadé que la dimension street art de ce projet, offrant une large visibilité du résultat à tout le quartier, a apporté une plus value très sensible au rayonnement de l’école.
Le site de Céz Art : http://www.cez-art.net/ [1]