Handicap à l’école : un bilan mitigé
Mieux scolarisés mais mal accompagnés. Ce pourrait être le résumé face aux déclarations du ministre de l’Éducation nationale lors du comité de suivi de l’école inclusive qui s’est tenu le 4 novembre.
Aux côtés de Jean-Michel Blanquer, se trouvaient la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel et plusieurs représentants d’associations. Les ministres ont mis en avant les bons chiffres de cette rentrée : selon eux, 87% des élèves en situation de handicap sont à temps plein à l’école et 23 500 élèves supplémentaires ont été accueillis. Un chiffre nuancé par Marion Aubry, vice-présidente de TouPi [1], une association qui défend les droits des personnes handicapées. "Comme il y a de plus en plus d’élèves dont le handicap est reconnu, leur nombre peut augmenter dans les établissements ordinaires mais ils sont toujours aussi nombreux dans les établissements spécialisés".
Jean-Michel Blanquer s’est aussi félicité de la division par deux (de 8% à 4%) du nombre d’élèves en attente d’accompagnement. Ils seraient 8 000, un chiffre que l’association TouPi évalue plutôt, d’après ses remontées du terrain, entre 11 000 et 13 000 cette année. "Notre estimation n’a pas valeur de vérité. De plus, selon le moment de l’année où on fait le décompte, le chiffre peut varier, ajoute Marion Aubry. Cependant, nous trouvons que 8 000 élèves handicapés privés de leur accompagnant, c’est de toute façon déjà trop."
Côté organisation de l’accompagnement, le ministre a rappelé le changement de statut des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), qui sont passés de contrats aidés à des CDD de trois ans renouvelables une fois et transformables en CDI. Près de 4 500 équivalents temps plein ont été recrutés en plus cette année, portant le total d’accompagnants à 90 000. "Nous rencontrons encore des difficultés à recruter, en Ile-de-France notamment", a reconnu Jean-Michel Blanquer. Un mois et demi après la rentrée, "certains n’ont toujours pas été payés car les contrats ont été mis en place dans la précipitation", indique le syndicat Snuipp-FSU.
Le ministre a aussi cité la création de 118 pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial) dont la mission est de coordonner les besoins des élèves avec la mutualisation systématique des aides. Ces pôles sont implantés pour l’instant dans un tiers des circonscriptions du premier degré et seront progressivement déployés jusqu’à leur généralisation. "Comme on se dirige vers davantage de mutualisation, des enfants qui ont besoin d’un accompagnement individuel à temps plein ne bénéficient et ne bénéficieront que d’une aide à temps partiel", estime Marion Aubry.
Enfin, concernant les ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolai...