3 questions à... Isabelle Cherel
À l’époque du GPS, est-ce encore bien utile d’apprendre à se repérer ?
S’orienter consiste à exercer son attention et sa mémoire pour situer les éléments d’un espace les uns par rapport aux autres et pouvoir s’y déplacer vers un but. Le GPS aide à ce repérage par des indications orales doublées d’indications visuelles. L’utilisateur doit maîtriser un vocabulaire spécifique (lexique topologique, verbes d’action…) et associer les éléments visuels du paysage qu’il a sous ses yeux avec la symbolisation qui lui est proposée (notion de plan simplifié). Autant de compétences qui sont développées lors des activités d’orientation à l’école. C’est peut-être sur la mémorisation du parcours pour pouvoir le reproduire que le GPS est un frein car nous avons tous fait l’expérience d’un trajet que nous avons effectué à plusieurs reprises à l’aide d’un GPS et que nous sommes incapables de réaliser à nouveau sans l’aide de celui-ci.
Ces activités sont-elles régulièrement proposées aux élèves de maternelle ?
Les enseignants travaillent souvent le vocabulaire lié à la topologie et utilisent les activités motrices pour le faire vivre (sauter dans des cerceaux, passer sous un banc…). Mais les activités d’orientation proprement dites ne sont pas toujours suffisamment exploitées. C’est dommage car elles sont porteuses de nombreux apprentissages.
Je pense qu’il y a encore des freins à la pratique de ces activités. Le premier est la peur de ne pas assurer la sécurité des élèves à tout moment. La présence d’adultes supplémentaires est parfois indispensable pour que les enfants explorent "l’inconnu en toute sécurité". En effet, si les activités se déroulent dans des espaces d’abord connus, familiers, et dont l’ensemble est dévoilé, à terme elles auront lieu dans des espaces inhabituels dont certains éléments ne sont pas visibles au départ du parcours.
À l’école maternelle, l’enfant se développe dans sa globalité. Néanmoins, dans quel domaine s’inscrit l’enseignant qui met en place des activités d’orientation ?
Les activités d’orientation participent de la compétence "adapter ses déplacements à des environnements variés" dans la mesure où l’enfant est amené à affiner ses réponses motrices en fonction du contexte qu’il rencontre. Si l’activité motrice est centrale, il n’en demeure pas moins que le traitement de l’information relève d’une activité transversale aux activités physiques (apprendre à s’orienter lors de jeux collectifs, lors d’activités athlétiques…) et aux différents domaines d’apprentissage (s’orienter sur un plan en deux ou trois dimensions en arts visuels, visualiser les lieux où se déroule l’histoire racontée par l’enseignant…).
Passer de l’espace vécu à l’espace perçu,...