Enseigner les maths après la Mission Villani-Torossian
L’Éducation nationale se met-elle en marche ? Si oui, vers quelle destination ? Telles sont les questions que l’on peut se poser au vu des réformes qui se succèdent à un rythme soutenu dans le système éducatif : modification du baccalauréat, changement des modalités d’inscription à l’Université, "instruction[1] [1]" obligatoire à partir de trois ans, désignation d’une Mission mathématiques pour faire le point sur l’enseignement des maths à tous les niveaux de la scolarité primaire et secondaire et émettre des propositions qui "seront toutes mises en œuvre".
Ce dossier, qui ne peut embrasser tout le champ de l’enseignement des mathématiques à l’école primaire, se centre sur l’enseignement de la numération au cycle 2, cycle des apprentissages fondamentaux. Il tente de brosser un bref tableau de la situation actuelle, situation hautement politique, mais aussi pédagogique.
Tout le battage médiatique autour de la Mission maths et de ses conclusions fait suite à un battage encore plus bruyant autour d’une méthode d’enseignement des mathématiques fortement inspirée de l’étranger, de Singapour [2] en particulier. Quelle sont les lignes pédagogiques directrices de cette méthode ? Nous tenterons de les dégager. Cette méthode est-elle réellement conforme aux programmes dits "de 2016", comme elle l’affiche ? Respecte-t-elle à la fois la lettre et l’esprit de ces programmes ? Il conviendrait de s’en assurer.
Les conclusions de la Mission maths [3] ne font pas l’unanimité, sont-elles objectives, sont-elles contraintes ? Nous tenterons d’y voir plus clair.
Parmi les fondamentaux figure en première place celui de l’apprentissage de la numération de position décimale. Nous questionnerons son enseignement actuel et ferons le point sur le début de cet enseignement délicat à bien des égards. Nous exposerons ce que doivent être les nécessaires piliers de son enseignement [4] et présenterons une méthode innovante de l’enseignement des mathématiques au cycle 2 (Les NuméRas [5]), ainsi que le témoignage de trois enseignants (Marie Esselin [6]...