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Aube ou crépuscule ?

Rapport villani
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Voici quelques réflexions portant sur les premières mesures du rapport Villani-Torossian. En février dernier, le rapport de la Mission mathématiques était remis au ministre, M. Blanquer. Ce rapport devait faire le point sur l’état de l’enseignement des mathématiques en France et proposer des pistes afin d’améliorer ce dernier. Analyser le rapport de cette mission est intéressant. Nous n’en ferons qu’une première approche assez succincte en interrogeant la composition de la mission et les trois premières mesures proposées en vue de l’amélioration de l’enseignement du premier degré.

Une mission scientifique ?

Le ministre a pris soin de placer deux scientifiques de haut niveau (Cédric Villani et Charles Torossian) à la tête d’une mission capitale pour l’enseignement des mathématiques, choix censé assurer aux yeux de tous la qualité scientifique des analyses et des conclusions de la Mission. Une telle mission dirigée par des scientifiques ne manquerait pas d’appuyer ses travaux sur les différentes recherches, françaises ou étrangères, tant en mathématiques, qu’en didactique de cette discipline, en sciences de l’éducation, en sciences cognitives, etc. toutes disciplines qui concourent aux études sur l’enseignement des mathématiques en France et bien entendu sur les différentes évaluations extérieures au système.

La lettre de mission ordonne pourtant à la Mission de s’attacher à "déterminer les pratiques les plus concluantes en [s’] inspirant des études internationales et des méthodes ayant fait leurs preuves à l’étranger", omettant de proposer d’analyser des méthodes ou des pratiques ayant fait leurs preuves en France. L’approche de "l’efficience"[1] des méthodes ou pratiques est pour le moins curieuse et semble loin d’être scientifique. Cette lettre de mission du 23 octobre dernier a le mérite de la clarté et considère de facto que les méthodes ou les pratiques d’enseignement des mathématiques en France sont peu concluantes alors qu’à notre connaissance aucune évaluation n’en a été faite.

Il apparait donc clairement que cette mission est politique plus que scientifique et ce, d’autant plus que sa composition interroge profondément. En effet, composée de dix-huit membres, auxquels il convient d’ajouter un "expert associé", un secrétaire scientifique et un secrétaire général, cette mission surreprésente un éditeur par rapport aux autres éditeurs, il s’agit de La librairie des écoles, éditeur de la méthode dite "de Singapour" pour l’enseignement des mathématiques. Il est représenté à la fois par une auteure de la méthode et par la directrice de la collection Maths-Méthode de Singapour. De plus, un courant de pensée a priori proche est invité en bonne place dans cette Mission. Il s’agit du GRIP (Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Programmes) - qui n’a rien d’institutionnel -, et qui est représenté par un membre de son conseil d’administration qui a été "coordonnateur du réseau SLECC (Savoir Lire Ecrire Compter Calculer)"[2]. Comment peut-on de plus imaginer qu’un seul spécialiste de la didactique des mathématiques exerçant en France soit m...

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