Quand un enseignant fait alliance avec les familles
Au bout du fil, la voix est vive et on entend tapoter sur la table à intervalles très réguliers, souvent, à la fin de réponses longues et détaillées. Jérémie Fontanieu vient de raccrocher avec un professeur désireux d’en savoir plus sur sa méthode. Une dizaine d’enseignants ont suivi l’an dernier celle-ci, des profs de collège, de lycée et de primaire. Comme sur les vidéos et les replays des émissions où il est passé avec ses élèves, le jeune trentenaire est passionné par son projet et désireux d’expliquer que celui-ci est, certes, strict, mais applicable par tous car fondé sur le dialogue. "Je veux casser l’image d’un enseignant héroïque et solitaire qui brise la fatalité de l’échec scolaire par son charisme, ce qui culpabilise les profs et les balafre au fil de leur carrière", lance-t-il.
On imagine l’enseignant de Sciences économiques et sociales du lycée Delacroix de Drancy commenter un schéma sur les différences de revenus des foyers avec autant d’animation. Passé par Sciences Po Lille, le jeune homme a choisi d’aller en Seine Saint-Denis dès son agrégation en poche. "Dès ma première année, j’ai subi ce que nous subissons tous en tant qu’enseignants : des élèves qui se sabotent, et gâchent autant leur potentiel que le nôtre. Le système scolaire est une machine violente pour les parents, et produit de la frustration pour tous, élèves, familles et enseignants."
Le travail avec la famille est le cœur de la méthode "Réconciliations". "Sitôt que j’ai les listes de mes terminales, j’appelle les parents le 31 août, cela peut être aussi tout début septembre, mais jamais au-delà de la semaine de rentrée car l’alliance se fait dès le début", dit-il. À raison d’une discussion de cinq-dix minutes par famille, les trois premières heures posent la pierre d’une relation où la confiance se bâtit peu à peu. "Je leur dis que j’ai besoin de leur influence sur leurs enfants et là, le changement s’opère. Ils sont très souvent enthousiastes car beaucoup d’entre eux ont l’impression qu’ils n’ont pas de rôle à jouer. J’ajoute que l’année de terminale va bien se passer et que je les recontacterai régulièrement."
Côté enseignant, "le mois de septembre est plus éprouvant quand on utilise cette méthode car il faut être vigilant à notre enseignement et aux réactions des élèves. Mais la charge de travail supplémentaire est rentabilisée."
Pour résumer la répartition des rôles selon Fontanieu : c’est au prof d’expliquer le cours et de le réexpliquer, de le vulgariser pour ceux qui ne comprendraient pas, de contrôler les connaissances et d’évaluer les élèves… et aux parents de maintenir la pression à la maison.
Une pression bien présente en classe car l’enseignant donne un QCM par semaine avec vingt questions et une notation sévère (des points e...