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Prendre sa première classe en main
primaire

De la faute à l’erreur, de l’étymologie à la pédagogie…

Groupe d'élèves avec leur enseignant
Si la "faute professionnelle" existe pour tout fonctionnaire de l’Etat, ne serait-il pas plus sage, pour la compréhension objective de l’élève, de parler d’"erreur" quand il s’agit d’apprentissage plutôt que de "fautes" ? Il est également bon de se rappeler que l’erreur n’est au départ qu’une simple errance...

"L'erreur" plutôt que "la faute"

Faute, erreur, faux, fautif ? Quel usage en classe ? Les mots de la langue française ont des connotations parfois lourdes de sens. Le mot "faute", est fortement empreint de valeurs morales. "C’est de sa faute", "Ce n’est pas de ma faute" sont des expressions courantes qui portent en elles-mêmes le poids de la culpabilité et, derrière, de la réparation, de la sanction, de l’excuse, pour celui qui "avouera sa faute", dans une cour de récréation ou une cour de justice... On pourrait alors s’interroger étymologiquement sur l’histoire du mot "faute" détourné et usité progressivement dans le langage courant de l’éducation, que cela soit pour comprendre la cause d’une agression physique entre élèves, ou pour désigner des erreurs d’apprentissage : "tu as fait 10 fautes d’orthographe… 3 fautes en récitation" ou des "fautes de calcul", comme s’il existait des "fautifs d’orthographe, de calcul ou de poésie".

Cette faute culpabilisante est clairement identifiée étymologiquement. Le Dictionnaire Historique de la langue française explique : "faute désigne d’abord le fait de manquer aux prescriptions d’une religion, d’où la Faute "le pêché commis par Adam et Eve", ou à la règle morale. (…) Par extension, faute désigne en général le manquement à une règle, dans un art, dans une discipline intellectuelle etc. (1538) [1]" Si la "faute professionnelle" existe pour tout fonctionnaire de l’Etat, ne serait-il pas plus sage pour la compréhension objective de l’élève de parler d’erreur quand il s’agit d’apprentissage plutôt que de fautes ?

Etymologiquement, le mot "erreur" offre de jolies perspectives pédagogiques. Le Dictionnaire indique comme définition, "est emprunté de error (fin Xe) au latin error, erroris, proprement "action d’errer çà et là" et par figure "incertitude, ignorance, d’où méprise, illusion, faute et en latin chrétien, hérésie". C’est un dérivé de errare au sens figuré de "se tromper". (…) La fréquence de erreur, devenu sémantiquement le substantif correspondant à "se tromper", a influencé tous les mots issus du latin dont la valeur de "voyage" s’est effacée au profit de celle du "fait de se tromper"[2] .

"L'erreur, une simple errance"

On comprend alors que sortir du droit chemin est sans doute une faute, voire une hérésie, pour le chrétien du Moyen Âge, mais qu’au sens propre, l’erreur n’est au départ qu’une simple errance. Pédagogiquement, on pourrait ainsi traduire l’erreur comme une errance dans et vers la connaissance, avec tout ce qu’elle peut comporter d’illusion, d’incertitude ou de méprise sur son chemin.

Pour le professeur qui observe l’errance de ses élèves pour mi...

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