3 questions à...Isild Manac'h
L’École aujourd’hui : En quoi tout ce qui est mis en jeu dans la pratique musicale peut-il favoriser l’apprentissage du langage au cycle 1 ?
Isild Manac’h : La rencontre avec la musique passe par l’écoute, l’émotion ressentie et la discrimination sonore. L’enfant s’exprime avant de connaître la grammaire, il en est de même avec la musique : en explorant le son, sa “matière”, ses dynamiques et ses nuances, il ouvre et affine son oreille, cultive sa curiosité auditive. Apprendre à bien écouter contribue directement à l’expression orale, à la prononciation et à l’articulation correctes des syllabes et des mots. La dimension ludique inhérente à l’enfant est privilégiée : plaisir d’imiter, de répéter, prise de parole avec son corps et avec sa voix. La musique est aussi un langage qui s’appuie, comme la langue parlée, sur des codes et sur une structuration particulière. On peut amener l’enfant à les appréhender, en attirant son attention sur la succession et la répétition de cellules (phrase mélodique, paroles de refrain…). La mémoire et la concentration que permettent de cultiver les activités d’écoute et de chant ont aussi des répercussions directes sur la maîtrise de la langue. Enfin, chanter ensemble, c’est partager le même espace en respectant certaines règles liées à l’écoute, la connaissance et le respect de soi et des autres. Un véritable apprentissage pour de futurs citoyens !
LEA : Comment intégrer la musique au coeur des activités liées à la littérature : lecture et écriture d’histoires, sonorisation d’albums ou de contes… ?
I.M : La musique peut être un support de recherche et d’expression pour développer l’imaginaire de l’enfant, pour approfondir le texte et aller au-delà. On pourra par exemple s’intéresser à ce que les mots nous évoquent : corporellement, musicalement, en chansons... On peut ainsi inviter les élèves à exprimer, par la danse ou à l’aide d’objets sonores, une atmosphère, une émotion ou une humeur. Les temps de verbalisation seront alors très importants pour faire l’aller-retour entre les sons et les mots, pour décrire ce que l’on ressent à l’écoute d’une musique. En atelier créatif, on pourra aussi proposer d’écrire des paroles sur une musique, ou bien continuer le texte d’une chanson. Ce sera l’occasion d’attirer l’attention sur le rythme des mots, les sonorités, les rimes… Écouter beaucoup de musiques, chanter, danser, au même titre que lire beaucoup d’histoires et parler, sont des ressorts essentiels pour réveiller l’imaginaire de l’enfant, mais aussi lui donner les moyens de nourrir sa créativité.
LEA : La notion de projet est-elle importante en éducation musicale ?
I.M : Oui, elle est...