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Fiches pédagogiques
élémentaire

3 questions à...Marie-Noëlle Roubaud

3 questions à...Marie-Noëlle Roubaud
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Marie-Noëlle Roubaud est maître de conférences à l’IUFM-Université d’Aix-Marseille.

L’École aujourd’hui : Quel est l’enjeu d’une acquisition lexicale à l’école ?
Marie-Noëlle Roubaud : C’est un enjeu important comme l’affirme la circulaire ministérielle sur le vocabulaire du 16 mars 2007(2) : “Lorsque les mots précis manquent aux élèves, c’est le sens qu’ils tentent de donner au monde qui s’obscurcit. Le défi cit lexical conduit à l’enfermement sur soi et, parce qu’il ne permet pas d’articuler sa pensée, il peut conduire certains à l’acte violent.” Les programmes de 2008 pour l’école vont dans ce sens : le vocabulaire est un outil essentiel pour la maîtrise de la langue et constitue un objet linguistique dont il est nécessaire de connaître le fonctionnement. À l’acquisition d’un lexique sont donc liées les notions de réussite scolaire et d’insertion sociale dans une société où l’écrit tient la première place. L’enjeu est d’amener les élèves à articuler langue et pensée à travers l’usage et la manipulation des mots.

LEA : Où en est-on dans la conception d’un enseignement du vocabulaire à l’école ?
M-N.R : Actuellement, toutes les recherches montrent qu’il ne s’agit pas d’empiler des listes de mots pour augmenter son vocabulaire mais de découvrir comment les mots fonctionnent en français, et pourquoi ils fonctionnent de cette manière. À cette conception d’empilement du vocabulaire lui succède l’idée de construction du lexique : l’enfant qui acquiert de nouveaux mots restructure son réel de façon de plus en plus fine et charge les mots d’un pouvoir d’évocation. S’approprier un mot, c’est être capable de l’identifier à l’oral, en situation d’écoute, de le lire silencieusement et à voix haute, mais également de le réemployer en contexte, à l’oral et à l’écrit. C’est aussi être capable de le définir, l’orthographier, et l’analyser grammaticalement. Selon Renée Léon (3), deux étapes interviennent lors de la mémorisation d’un mot nouveau : appropriation de la face orale puis de la face écrite. Ensuite, quand les capacités d’abstraction de l’élève s’affirment, il devient capable d’envisager le mot comme une unité linguistique.

LEA : Quelles sont les difficultés liées à l’enseignement du vocabulaire ?
M-N.R : La recherche a montré qu’une seule rencontre avec le mot ne suffit pas à se l’approprier, qu’il faut du temps pour se construire un lexique (et parfois le déconstruire pour le re-construire) et qu’un mot connu et compris (vocabulaire passif) peut ne jamais être utilisé, c’est-à-dire entrer dans le vocabulaire actif de l’élève. L’école doit donc multiplier les rencontres avec le lexique dans différentes disciplines lors de tâches diverses (compréhension, analyse, expression…). Le jeu sur la langue...

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