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Fiches pédagogiques
élémentaire

3 questions à... Danièle Cogis

3 questions à... Danièle Cogis
Danièle Cogis est ex-Maître de conférences en Sciences du langage (université Paris-Sorbonne/IUFM de Paris).

Où en est-on aujourd’hui dans la conception d’un enseignement de l’orthographe à l’école ?
En avril 2012, le Ministère annonce la parution d’une circulaire qui “définit les principes clés pour favoriser cet enseignement” et la diffusion d’une plaquette pour les enseignants du cycle 3, afin de “refonder l’enseignement de l’orthographe à l’école”. Si l’on ne peut que se réjouir de lire que l’orthographe est “un enjeu majeur pour la réussite des élèves”, affirmer qu’il faut enseigner l’orthographe lexicale et l’orthographe grammaticale, les règles et les exceptions, qu’il faut varier les types d’exercices, notamment les dictées, ou qu’il faut faire de l’orthographe tous les jours sans préciser quel horaire doit diminuer en conséquence, est-ce vraiment suffisant ? Les orientations pédagogiques proposées dans la plaquette nécessitent une formation approfondie pour saisir ce qu’il y a de nouveau derrière les mots (explicite, progressif), faute de quoi chacun pourra dire que c’est déjà ce qu’il fait ! L’institution semble tenir peu compte des recherches menées en France et ailleurs sur l’acquisition de l’orthographe.

Pourquoi les élèves n’orthographient- ils pas correctement à la fin de l’école primaire ?
Parce que c’est une mission impossible ! L’orthographe du français est très complexe et le temps de l’école primaire est insuffi-sant. Autrefois, c’était le principal objectif de l’école qui y consacrait de très nombreuses heures. Mais peu d’élèves parvenaient à orthographier correctement à 11 ans. Notre orthographe grammaticale implique de maîtriser l’essentiel de la grammaire. Et c’est là qu’une autre raison – décisive – intervient. Depuis plus de quinze ans, les recherches ont mis au jour les raisonnements propres aux jeunes élèves. Les erreurs tiennent non à leur incapacité à dire la règle, mais à leur niveau de compréhension des concepts impliqués par la règle. Deux exemples : “une classe à double niveaux”, “comme il y a deux niveaux, c’est plusieurs niveaux, alors je mets un x à la fin” ou encore “tous le village la cherchez”, “t-o-u-s, parce que c’est au pluriel, parce que plusieurs personnes la cherchent”. L’enseignement actuel donne rarement le temps et les moyens de comprendre les notions : il est essentiellement oral, avec peu d’observations et de manipulations effectives, peu de raisonnements explicites et complets, et il ne voit de l’écriture que la faute d’orthographe !

Peut-on enseigner une vigilance orthographique ?
Oui et non. Non, parce qu’une attitude ne s’enseigne pas par un discours. Oui, parce que l’autocontrôle se construit progressivement, à condition de pouvoir s’exercer pleinement. La première condition est de...

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