3 questions à... Jacqueline Rioult
Apprendre à lire, c’est peut-être déjà lire. Sur quelles compétences spécifiques l’apprentissage de la lecture s’appuie-t-il ?
"Moi, je sais lire : le petit bonhomme est rouge, je ne peux pas traverser ; ce panneau, c’est tel magasin ; ce paquet de gâteaux, c’est celui que j’aime. Je sais déjà reconnaître, mémoriser et donner du sens à des signes, je lis déjà." L’école maternelle doit s’appuyer sur cet acquis pour développer et systématiser les compétences d’identification. Identifier positivement des mots, c’est construire des repères que l’élève mémorise : repérage et mémorisation sont les appuis de l’identification. La rencontre avec les mots doit être la plus riche possible, l’école maternelle va donc développer les compétences langagières : vocabu laire syntaxe, compréhension, langage. Grâce à ces compétences, l’élève traite l’information qu’il reçoit, met plusieurs informations en relation, développe des stratégies d’appropriation. Mais la capacité d’attention nécessaire pour acquérir ces compétences est indispensable. L’école va aider à comprendre les erreurs, à les analyser pour les transformer en réussites, créer l’envie de lire, de grandir, d’essayer, de se tromper. Cette estime de soi, objective, étayée, programme aussi la réussite. La scolarité maternelle va rendre apte, dans les meilleures conditions, à apprendre à lire. L’école maternelle doit mettre en jeu des facultés intellectuelles : la logique, l’anticipation, la mémoire immédiate, la mémoire à long terme… et aussi, ne l’oublions pas, des émotions (plaisir, peur…) composantes du désir d’apprendre.
Faut-il donner une place particulière aux "activités techniques", la phonologie par exemple ?
Oui, les activités fonctionnelles préparent à l’apprentissage de la lecture. Les élèves doivent prendre conscience que les mots écrits sont les mots dits : ils les connaissent. Les lettres sont les sons de la langue : ils les connaissent. Il s’agit alors de s’approprier le code qui met en relation les lettres et les sons. La première étape est bien de développer la conscience phonologique, de différencier les unités sonores de notre langue (faire du décodage oral). Les activités pratiques sont multiples et le plus souvent ludiques. Elles se travaillent de la PS à la GS. On retient 1 ou 2 mots référence par son, on les illustre, on les affiche. On joue avec l’absurde, on invente des mots contenant un son donné, on assemble des sons "bizarres" pour constituer un bestiaire imaginaire…
Quels supports utiliser ?
Je dirais que tous les supports sont bons. Plus que de supports il faut parler de la pédagogie qui sous-tend leur utilisation. Le livre, bien sûr, est le support par exc...