3 questions à... Marianne Hassid
Il existe des rondes et des jeux chantés dans les traditions musicales du monde entier. Quel est l’intérêt de les faire pratiquer aux jeunes enfants ?
Ces activités, qui font appel à l’expression corporelle et chantée spontanée, sont l’occasion de développer des compétences motrices, spatiales, langagières et relationnelles. "Qui entre en ronde entre dans le monde", dit Mône Guilcher (1). En faisant une ronde, l’enfant se décentre peu à peu de lui-même, regarde les autres, commence à les comprendre et à agir avec eux, pour trouver enfin sa place dans le groupe. En prenant part à des rondes aux formes de plus en plus complexes et des figures plus élaborées (tunnels, lignes, carrés…), ses repères spatiaux vont se structurer. Enfin, la pratique associée du chant et de la danse favorise l’entrée dans le langage, puisqu’elle aide l’enfant à prendre conscience des réalités phonologiques (syllabes, mots, phrases…) en les inscrivant dans le corps à l’appui de la musique. Je conseille de faire pratiquer les rondes et jeux dansés en partant en priorité des ressources de notre patrimoine, avant d’enrichir peu à peu ces pratiques à l’appui de musiques et chants venus d’ailleurs. La musique africaine, qui se prête par exemple très bien à la danse spontanée, peut être le support d’activités mêlant l’exploration rythmique et instrumentale, la mémorisation de chants par onomatopées, et l’accompagnement par le mouvement mimé ou créé.
Au-delà de la ronde, il est possible de travailler aussi autour des danses traditionnelles. Quelle démarche privilégier ?
Les danses traditionnelles permettent de travailler un lien étroit entre mouvement et musique. Par exemple, avec des danses telles que Trois coups d’talon ou Mains aux genoux, on danse ce que l’on chante ou entend, seuls ou à deux, en mimant et en associant des frappés de pieds et/ou de mains, ce qui implique d’intérioriser la pulsation, le rythme et les silences dans la musique. Dans les danses traditionnelles, il y a aussi une dimension culturelle très forte. Les activités dansées peuvent ainsi trouver une richesse supplémentaire, si on les met en lien avec des cultures musicales plus ou moins lointaines. Aborder des danses aux couleurs musicales variées telles que portugaise, irlandaise, russe, latines ou arabo/flamenco peut être le point de départ d’activités ouvrant à d’autres cultures, d’autres langages, et laissant également plus de place à la créativité.
Pourriez-vous donner quelques exemples pour illustrer ces possibilités créatives ?
On retrouve dans la danse créative les mêmes notions d’espace, de temps, de relation à l’autre, de mise en jeu corporelle. Mais on va introduire de la nouveauté au sein de chacun d...