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Fiches pédagogiques
maternelle

3 questions à... Sylvie Considère

3 questions à... Sylvie Considère
Sylvie Considère est Maître de conférences en didactique de la géographie, IUFM École Interne Université d’Artois.

À l’école maternelle, comment sont articulées structuration de l’espace et découverte de l’environnement ?
Dans le domaine "Découverte du monde", les instructions officielles mettent en évidences quatre grands chantiers d’apprentissage qui débutent à la maternelle et se poursuivent au cycle 2 : observer, repérer, décrire, représenter. À l’école maternelle, l’enfant a une perception très peu objective du monde qui l’entoure. Il pense l’environnement comme il se pense lui-même : il agit et pense que les choses, autour de lui, agissent de même. Il construit sa vision du monde avec les informations qu’il est capable d’en capter ; c’est son expérience corporelle immédiate de l’espace qui lui permet de s’en forger un début de connaissance. Il sait se situer dans l’école, il connaît des lieux environnants tels que la cantine, la garderie, et sait parfois quelles rues il faut emprunter pour se rendre à la maison, mais ces "connaissances" sont peu organisées entre elles : les lieux sont perçus comme les morceaux d’un puzzle qu’il lui est difficile de rassembler en une image cohérente de l’espace.Structurer sa notion d’espace, c’est passer de cette perception affective à une observation qui identifie différents éléments, les classe et les analyse en regard de leur utilité (préparation à une géographie humaine). Cette observation doit se fonder sur un espace vécu.

Quelle est la place du langage dans cette structuration ?
Pour dépasser la perception affective, l’enfant doit s’approprier des termes désignant des objets usuels présents dans l’environnement familier. Il doit aussi apprendre à maîtriser des termes du vocabulaire spatial (devant, derrière, à côté de, sur, sous, près, loin) qui vont lui servir à commencer à décrire les espaces dans lesquels il évolue. Parler de l’espace dans lequel on vit permet de s’en construire peu à peu une représentation mentale organisée. Identifier des points de repères, c’est devenir peu à peu capable de se penser comme un objet parmi d’autres de l’espace, et donc de dépasser son point de vue égocentré. L’enfant perçoit le monde en habituelles vues de terrain, il doit comprendre que l’Autre ne porte pas le même regard sur l’environnement, puis que des points de vue “externes” existent : photographies aériennes obliques prises selon des angles plus larges.

À cet âge, quelles activités de représentation vous semblent pertinentes ?
Représenter une réalité spatiale est une compétence très complexe qui se construit très progressivement de la maternelle au cycle 2. Pour y parvenir, il faut disposer d’un ensemble de points de repères que l’on est capable d’organiser mentalement de manière cohérente en respectant les positions topologiques de chacun. I...

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