L’espace humain
Comment intéresser les enfants de maternelle à une première géographie humaine, ne réduisant pas l’étude de l’environnement à celle de la "nature" ?
Sylvie Considère, maître de conférences en didactique de la géographie, rappelle qu’aux cycles 1 et 2 l’objectif fixé par les programmes officiels est d’amener les élèves à une découverte du monde – et non seulement de l’environnement – différents domaines préfigurant des champs disciplinaires qui seront abordés au cycle 3 puis au collège : la matière et les objets, le vivant, les nombres et les grandeurs, le temps et enfin l’espace. L’idée même de découverte du monde oblige à une prise en compte de la notion d’environnement au sens large. L’environnement ne peut être réduit à sa seule dimension naturelle et doit prendre en compte toutes les dimensions humaines. Intéresser l’enfant, l’élève, même très jeune, au milieu humain ne se révèle pas plus complexe que de l’intéresser à la nature. Lui parler du monde, c’est aussi lui parler de lui, de sa vie, de ses espaces de vie mais aussi d’espaces, de mondes imaginaires.
Des pistes d’entrée
L’entrée dans ce monde humain peut se faire à partir de ce que l’enfant perçoit de son milieu de vie quotidien, d’abord à partir d’une ré-observation des lieux guidée par l’enseignant qui aide à la verbalisation avec un vocabulaire simple mais précis. C’est sortir et regarder : la rue et ses constructions, vieilles, nouvelles, pour une famille (maison), pour plusieurs familles (immeubles), ses jardins ou ses parcs, ses magasins et leurs enseignes, codes appris et “lus” (la boulangerie qui vend des pains, des gâteaux, des bonbons ou le supermarché qui vend de tout). La rue et ses aménagements spécifiques : les trottoirs, les passages pour les piétons, les panneaux de signalisation et, surtout, ce à quoi elle sert. Ces observations s’accompagnent de prise de photographies, de comptes rendus dictés à l’adulte et d’activités de construction : une maquette de la rue ou du marché, des dessins de certaines façades, un circuit de circulation pour les petites voitures, un jeu d’association des enseignes à leur activité, etc.
L’intérêt pour le milieu humain peut aussi passer par les albums de littérature de jeunesse, qui offrent des mondes imaginaires permettant des comparaisons avec notre monde. Les personnages ont des actions quotidiennes que l’on peut comparer aux nôtres à l’école, dans le village ou un quartier de la ville, mais aussi dans des espaces géographiques variés : les savanes africaines, la banquise, une île du pacifique, la montagne, etc. Les histoires racontées, les illustrations observées sont autant d’invitations à des comparaisons qui permettent de mieux appréhender les espaces de vie familiers.