Le monde des objets

Publié le Lundi 03 Décembre 2012 - Par Francoise Héquet

La découverte du monde des objets à l’école maternelle est une entrée privilégiée dans les apprentissages car elle s’appuie sur la curiosité naturelle des enfants, elle s’intéresse au monde réel. La matière existe, elle fait appel à l’objectivité. Pourtant, c’est un domaine très peu abordé dans les classes.

Que sont devenus les coins eau, sable ou semoule ? Que sont devenues les expérimentations et fabrications d’objets techniques ?

Comment expliquer ce désintérêt apparent pour le monde des objets ? Les arguments "contre" sont toujours les mêmes : manque de temps (la prégnance des apprentissages scolaires comme la lecture est souvent évoquée), manque de matériel, manque de connaissances techniques des enseignants eux-mêmes, enfants trop petits, etc. Pourtant, ceux qui se sont lancés dans l’aventure reconnaissent tous que c’est là un "vrai bonheur".

Du plaisir…
La découverte, la fabrication des objets "point de rencontre entre le geste et la pensée", sont pour les enfants un moment de plaisir : observer, travailler ensemble, être fier d’avoir trouvé une solution, d’avoir réalisé un objet, sont autant de motivations puissantes pour les élèves comme pour le professeur. L’école maternelle constitue un lieu privilégié pour cette activité : la souplesse des horaires, le fonctionnement habituel en ateliers, l’intérêt spontané des enfants, dont les nombreuses questions en sont la marque évidente (en quoi c’est fait, à quoi ça sert, comment ça marche ?), favorisent ce travail.
Les élèves n’ont pas d’appréhension dans ce domaine ; une séquence bien conduite n’aboutira jamais à un échec si l’on ne demande pas des choses trop compliquées. L’inventivité, la patience dont ils sont capables de faire preuve ont été remarquées par tous. Il ne s’agit pas d’induire trop tôt un travail scientifique mais de manipuler, d’essayer, de comparer les solutions que l’on a trouvées à celles du voisin. L’important n’est pas de réussir d’emblée un travail sans reproche. Les programmes insistent sur ce point : il s’agit d’une découverte. À l’enseignant de proposer une situation-problème permettant aux enfants d’exprimer des réponses à un besoin apparu dans le cadre d’un projet, de ne pas hâter le mouvement en laissant les élèves affronter leurs représentations premières à la résistance de la réalité. Selon Muriel Martin (cf. Avis d’expert), le rôle de l’enseignant, primordial, est de "mettre en place une situation que les enfants comprennent, à laquelle ils peuvent proposer des réponses et dont la résolution est à leur portée mais non factice : l’enfant doit sentir qu’il a vraiment appris."
Parfois, l’enseignant doit donner la solution mais pas de réponse a priori, les élèves doivent comprendre la résistance des objets. On peut, par exemple, leur proposer une fiche de fabrication qu’il faudra apprendre à décoder.

…au questionnement
Naturellement, il n’est pas question de s’en tenir à cette phase “sauvage”. La discussion, la comparaison avec des expériences réussies vont permettre de s’inter...