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Coéducation : regards croisés de parents et d'enseignants

Pierre Périer
Pierre Périer
En mai dernier, Pierre Périer, sociologue et professeur en sciences de l'éducation, a réalisé une enquête auprès de 2002 enseignants de la maternelle au collège, et 1002 parents d'élèves (de la maternelle au collège également) sur le thème de la coéducation. L'interview ci-dessous sera complétée d'un dossier sur ce sujet en septembre prochain, ainsi que d'une conférence en ligne qui aura lieu le 29 septembre.

- Pourquoi cette étude et pourquoi maintenant ? La coéducation est-elle un enjeu important ?

La coéducation a pris une place inédite en France et ce, pour plusieurs raisons. On pourra souligner en premier lieu que l’école en France a tardé plus que dans d’autres pays en Europe et ailleurs, à s’ouvrir en direction des parents. Cependant, depuis plusieurs décennies, les orientations et actions portées par les politiques éducatives s’intéressent à associer différents partenaires car l’école ne peut faire face seule à la diversité de ses missions, plus étendues, plus complexes et plus exigeantes. De leur côté, les familles ont des attentes scolaires plus élevées, préoccupées qu’elles sont de voir leur progéniture cheminer et réussir. Ajoutons que le contexte de la crise sanitaire a non seulement dévoilé au grand jour, mais intensifié et démultiplié, le rapport de dépendance entre les parents et l’école. Toutefois, si le principe de "faire ensemble" semble acquis, la question des formes, contenus et modalités de la coéducation reste à définir. C’est le sens de cette enquête que de tenter une clarification de l’enjeu et des objectifs de la coéducation.

- A la suite de votre enquête, peut-on dire que la notion de coéducation est comprise et interprétée de la même façon par les parents et par les enseignants ?

L’enquête montre des points de convergence mais aussi des divergences qui, précisément, ne sont pas toujours explicitées et donc connues de l’autre partie. C’est bien souvent dans cet espace de non-dits que se nichent les malentendus et les sources de conflits potentiels. On peut préalablement souligner que près des deux tiers des parents enquêtés ont déclaré ne pas savoir à quoi correspond la notion de coéducation. Ce résultat très marquant ne signifie pas que les parents s’en désintéressent. D’autres questions ont permis au contraire de mesurer le sens positif donné à cette notion et leur disponibilité pour s’impliquer. En fait, ils ne cernent pas bien le périmètre de la coéducation et le "mode d’emploi" : comment faire pour s’inscrire utilement dans cette dynamique d’échange ?  Les parents insistent sur l’aide et l’entraide entre familles et école tant en matière d’éducation que d’instruction, avec une visée d’amélioration des résultats. De leur côté, les enseignants semblent attendre des parents qu’ils livrent à l’école un enfant "scolarisable", c’est-à-dire un élève éduqué et encadré conformément à ce rôle.  

- Comment définiriez-vous cette notion de coéducation ?        

Nous avons proposé une définition qui a le mérite de la simplicité et qui a suscité une adhésion massive tant des parents (87 % d’accord) que des enseignants (95 %) : "le partage entre les parents...

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