Développer l'envie chez les enfants
Comment, ce qui était au départ un "projet" a-t-il évolué vers une démarche pédagogique reproductible chaque année ?
C. L. : Les choses se sont organisées au fur et à mesure de ma carrière grâce à ma pratique de classe, à des rencontres et à quelques-unes de mes formations. J'ai commencé ma carrière en maternelle dans les années 90 à l'âge d'or du travail par thème. Je me souviens encore de l'affolement que j'ai ressenti lors de ma première rentrée. Depuis, l'organisation et la structuration du groupe et des actions dans la classe ont été des bouées que je n'ai jamais lâchées. J'explorais plusieurs thèmes sur une année, chacun étant imaginé avec des actions dans les différents domaines d'activités. Je faisais déjà la part belle aux arts plastiques car j'y voyais le moyen d'explorer concrètement un regard poétique sur le monde. À la fin des années 90, j'ai fait un stage sur la création artistique qui a été déclencheur dans ma démarche. Je pouvais mettre des mots sur ce que je pratiquais de manière intuitive, j'en éprouvais la cohérence et les points forts. Surtout ce qui était déjà structuré et organisé est devenu logique et évident : la transversalité de la démarche de création à travers les arts, le rôle primordial du corps et des expériences variées. C'est en appuyant sur ces points forts que j'ai défini un cadre pédagogique que je pratique encore aujourd'hui.
Pouvez-vous l'expliquer (en quelques mots) ?
C. L. : Il y a 4 grands principes fondateurs au cadre que je mets en place.
Le premier est d'établir un capital commun à tous les enfants. Cette matière commune, c'est la thématique travaillée sur l'année avec des développements "à tiroir" sur chaque période. Elle est enrichie par des lectures, des expériences variées, des sorties… Il s'agit d'ancrer les enfants dans le monde et de le rêver. Je dis souvent aux enfants : vous êtes entourés de trésors, il suffit de savoir les regarder !
Le deuxième, c'est l'importance du corps. C'est par "le corps qui éprouve" que l'on connaît le monde d'où la nécessité de mettre en place des actions concrètes. Cette école "pratiquante" pourrait pourtant n'être qu'une juxtaposition d'activités. Ce qui lui donne sa dimension d'apprentissage c'est le lien constant entre le concret et l'abstrait et j'en arrive au 3e grand principe du cadre que je mets en place, c'est la démarche de création.
Créer permet de mettre en lien, de donner une cohérence à toutes les informations que reçoivent les enfants. La démarche est la même dans tous les arts et j'utilise souvent l'un au soutien de l'autre. C'est ainsi qu'à travers chaque activité proposée, les mots présents à l'esprit sont toujours : éprouver, rêver et co...