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La femme oiseau

La femme oiseau
© Laurencine Lot
Inspiré d’une légende japonaise d’origine chinoise "La femme grue", la pièce de théâtre "La femme oiseau" est un merveilleux spectacle qui émeut les enfants comme les adultes. Emmenez vos classes si vous en avez la possibilité. Sinon, penchez-vous sur cette belle légende dont le message permet de penser les valeurs à vivifier au présent.

Alain Batis est le directeur artistique de la Compagnie La Mandarine Blanche. D’une manière très inspirée, il a écrit et mis en scène ce beau moment de théâtre construit à partir de différentes versions du conte de la Femme-Grue (voir les ressources associées). Cinq comédiens, également marionnettistes, musiciens ou chanteurs, le servent avec justesse et passion, incarnant neuf personnages. Une adéquation parfaite existe entre l’écriture, les sons, la musique, les couleurs subtiles, et l’espace de la scène dont la sobriété, élégante et poétique, témoigne d’une savante maîtrise de l’espace, évoquant tour à tour les maisons japonaises avec leurs panneaux coulissants, la ville lointaine et l’hiver glacé. Tout enchante et capte les sens des spectateurs, les invitant dans le même temps à réfléchir aux idées de partage et de don de soi, dans un monde mû par la cupidité et le désir d’avoir plutôt que d’être.

Quelle est la trame du récit ? Un soir dans une auberge arrive un homme d’un certain âge auquel l’aubergiste sert un abondant repas. Soucieux de la remercier, il raconte son étonnante histoire, la peignant d’abord sur les murs, en de beaux mouvements dansés qui lui donnent vie. Il raconte comment, jeune garçon encore, il avait soigné dans une tourmente de neige une grue dont l’aile était transpercée d’une flèche. Le même soir, une jeune femme, L’Humble Osaku, était arrivée chez lui, se proposant de le servir et de l’aimer en échange de son hospitalité. Yohei accepte et l’idylle est parfaite jusqu’au cœur de l’hiver suivant, quand les provisions viennent à manquer. La jeune femme propose alors de tisser une toile que Yohei ira vendre, à condition qu’il ne l’observe pas dans son travail. L’étoffe que tend la jeune femme amaigrie après trois jours et trois nuits de veille, est merveilleuse et Yohei trouve vite acquéreur à la ville. Une fois encore, elle tisse ainsi, perdant un peu plus de ses forces. Cupides et curieux, marchands et villageois poussent Yohei à l’irréparable, alors que Osaku accepte de tisser pour la derrière fois. Et c’est le spectacle de la grue déplumée et couverte de sang que Yohei contemple.
Le pacte rompu a détruit le couple, et la grue disparaît sans retour possible. L’extrême générosité et son opposé, la cupidité mauvaise, coexistent dans le conte. La cupidité détruit les relations parce qu’elle en ôte l’humanité pour y substituer le désir d’accumuler, violation de l’échange dont l’essence est la circulation et le partage.
La grâce et l’intelligence du jeu du couple que forment Raphaël Almosni (Yohei) et Julie Piednoir (Osaku) contribuent à la parfaite réussite de ce bijou théâtral. Les autres acteurs ne sont pas en reste, tout à tour marchand, enfant du village, prince, client de l’auberge ou musicien....

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