Innover pour faire progresser tous les élèves
On remarque un regain d’intérêt pour les pédagogies alternatives et démarches innovantes de la part des enseignants. Comment l’expliquez-vous ?
Eve Leleu-Galland, Florence Samarine : Nous observons depuis quelques années que des enseignants ont envie de renouveler leurs pratiques en cherchant du côté des expérimentations comme l’usage pédagogique des outils numériques, ou l’installation des ateliers autonomes de manipulation qui ont donné une nouvelle vie aux démarches Montessori. Les échanges entre enseignants via les réseaux sociaux, l’utilisation des moteurs de recherche sur internet facilitent l’accès à d’autres manières de faire. Sans doute, certains enseignants se trouvent confrontés à des profils d’enfants particuliers et à la nécessité de trouver des démarches plus efficaces pour ces enfants moins attentifs, qui ont besoin de stimulations différentes pour progresser en toute confiance. De manière globale, nous pourrions dire que les professionnels que sont les enseignants sentent bien que leurs élèves vivent dans un monde instable et peu sécurisant, et à ce titre, le temps de l’école apparait comme une sorte de parenthèse « résiliente ». Certaines pratiques comme l’enseignement magistral s’avèrent de moins en moins adaptées à une éducation de qualité et à l’acquisition de savoirs et compétences qui vont les aider réellement à grandir et à apprendre. Les démarches positives destinées à développer le bien-être de l’enfant, les pédagogies de la coopération, de l’écoute ou explicite qui participent au projet d’une école citoyenne, les projets autour d’une éducation responsable et durable, l’impact des recherches en neuro-éducation constituent des axes d’évolution tout à fait significatifs. Il ne faut pas oublier qu’en France, la liberté pédagogique existe ; ce qui place l’enseignant dans la situation d’avoir à choisir ce qui lui semble le mieux convenir à ses élèves pour leur permettre de réussir mais le programme d’enseignement ne donne pas les clefs pour le faire. Cette liberté est bornée par l’obligation de résultat. Voilà pourquoi beaucoup d’enseignants cherchent, innovent, expérimentent.
Quels autres facteurs expliquent alors ce regain d’intérêt ?
E. L.-G., F. S. : Depuis peu - durant ces dernières années -, les expérimentations qui associent des chercheurs, des labos de recherche se sont fait connaitre via les sites et les plateformes. Les résultats sont encourageants puisque de ces collaborations ont émergé des démarches de classe et même des supports pédagogiques. Je pense aux Cogni’classes, au matériel Nathan élaboré avec le laboratoire LaPsyDE ou encore les expérimentations menées conjointement par votre portail et ce labo. Il y a aussi nombre de publications d’ouvrages qui inci...