Comment est née l’idée de créer des ateliers philosophie ?
Pascaline Dogliani : L’idée est venue de Jean-Charles Pettier, professeur de philosophie et formateur en IUFM, qui cherchait une école acceptant de tester les outils pédagogiques qu’il avait mis en place pour le magazine Pomme d’Api. Le projet a donc été rapporté à l’école par ma directrice Isabelle Duflocq. Après discussion, j’ai finalement accepté de me lancer et de relever le défi. J’y ai trouvé une résonnance avec un projet que je mène dans le domaine des arts visuels où j’expérimente une pédagogie de libre choix des enfants, de créations individuelles et autonomes.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Pascaline : Au début, cela a été assez difficile car les ateliers philo n’entrent pas dans une pédagogie traditionnelle. Il faut instaurer un climat de confiance avec les enfants afin qu’ils libèrent leur parole, qu’ils comprennent qu’ils peuvent parler en toute confiance. On se heurte également à des difficultés langagières. Echanger et débattre avec l’autre les amènent à utiliser une syntaxe de plus en plus complexifiée. Du côté de l’enseignant, cet atelier implique un cadre précis et souple. Il doit être ouvert et à l’écoute, observateur mais aussi animateur, et être capable de changer son positionnement dans le groupe classe, pour aider l’enfant à s’exprimer. L’idéal est de réaliser ces ateliers sur un cycle, car la compréhension et la mise en œuvre de la démarche se construisent dans le temps.
Comment les enfants ont-ils accueillis ces ateliers ?
Pascaline : Ils n’étaient pas du tout au courant. Je leur ai simplement posé la question « Qu’est-ce que ça veut dire pour vous faire de la philosophie ? », et l’un d’eux m’a répondu « Ca rend intelligent ». Petit à petit nous avons donc répété l’expérience et les enfants ont commencé à prendre le pouvoir, à prendre possession de l’échange, ce qui pousse l’enseignant à changer de statut… Il faut également être attentif à leur attitude corporelle car avant la prise de parole, les enfants s’expriment souvent avec leur corps et c’est un signe de mouvement intérieur.
D’où vient l’idée de la bougie ?
Pascaline : Le cadre des ateliers philosophie a été mis en place par Jean-Charles Pettier, mais la bougie est un outil que j’ai décidé d’intégrer. Elle représente un passage, un rituel qui permet de comprendre que la classe va vivre un moment particulier. Elle marque à la fois le temps et la parole et permet de rassurer les enfants. A la fin de la séance, si la bougie avait beaucoup diminué, les enfants disaient « Aujourd’hui on a...