Les passions d’un monochrome bleu
Un petit rond bleu rougit facilement. Tout le fait rougir en fait et le transforme en petit rond rouge : son reflet dans la glace, son chien, les fleurs de son jardin, sa voisine (un autre petit rond rouge) qui lui donne la fièvre, quand elle s’approche et quand elle s’éloigne…Le petit rond bleu perd vite ses moyens… Mais le soleil se couche, la nuit vient et, avec elle, tout se fond dans le noir et les petits ronds rouges deviennent noirs eux-mêmes.
On suit le passage du temps, du jour (représenté par des fonds de page blancs) à la nuit qui tombe (fonds de page bleus pour évoquer l’assombrissement) jusqu’à la page entièrement noire quand l’obscurité est au maximum. Avec cet album minimaliste, on va à l’essentiel : une seule forme pour représenter les deux protagonistes et trois couleurs. Passage du bleu au rouge pour suivre les émois du petit rond bleu, couleur rouge de la voisine (rouge de l’amour) et dessins en noir d’un miroir, du chien dont on ne voit que les oreilles, de la porte représentée par le trou de la serrure, de quelques fleurs , des cristaux de glace et d’un banc où vont se jouer les dernières scènes.
Monochrome, dites-vous ? Et bien sûr, on ne peut, en référence au titre, que songer à Yves Klein et son bleu outremer, baptisé "International Klein Blue" qu’il appliqua sur de nombreuses œuvres. Par ailleurs, ce petit rond bleu, tendre et bien sympathique, n’est pas sans évoquer les personnages de Petit Bleu et Petit Jaune, album créés en 1970 et devenu depuis un classique. Souhaitons à ce nouveau petit rond bleu une aussi longue vie éditoriale.