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Reportage

Numération et abstraction

Une année à l'école Montessori
© DR
C’est en observant de plus près le choix des matériels et leur progression que l’on comprend la spécificité de la pédagogie Montessori. Les mathématiques, et plus particulièrement la numération, en sont une parfaite illustration.

Comme chaque matin à leur arrivée, les élèves retrouvent leur ambiance parfaitement rangée. "Chaque matériel a une place et une présentation précises ; l’endroit et la façon dont il est rangé sont très importants et suivent une progression logique que l’enfant absorbe inconsciemment", explique d’emblée Héloïse Wirth, directrice de l’école Montessori de Paris. Mémorisation de l’espace dans lequel il est rangé (mathématiques, langages, espace sensoriel, vie pratique), mais aussi mémorisation de son ordre de rangement dans cet espace : le matériel est disposé par ordre de progression logique de gauche à droite et de haut en bas sur les étagères, suivant le sens de la lecture. Sara et Alexandre se dirigent tous les deux vers l’espace mathématiques de l’ambiance. La petite fille aimerait travailler avec les barres numériques rangées tout à gauche de la 1re étagère et sollicite Anne-Jeanne, l’éducatrice, pour qu’elle lui présente le travail. Alexandre, de son côté, se dirige seul vers la deuxième série d’étagères de l’espace mathématiques, prend le tableau de travail pour les additions, et s’installe à une table. "Sara, qui a intégré en début d’année scolaire la Maison des Enfants, découvre la numération alors qu’Alexandre l’a déjà acquise", explique en aparté l’éducatrice. Mais que s’est-il passé entre ces deux étapes ?

Partir du toucher
Anne-Jeanne commence donc la présentation avec Sara. Au préalable, l’éducatrice invite Sara à dérouler un tapis sur le sol, volontairement loin de l’étagère. Puis la petite fille y dispose, l’une après l’autre, les trois premières barres numériques. Le fait de porter une à une des barres de plus en plus longues, donc de plus en plus encombrantes et lourdes, fait appel à la mémoire corporelle de l’enfant qui se construit à travers le mouvement. "Je vais te présenter les barres numériques", annonce Anne-Jeanne en prenant la plus petite barre, qui comporte un seul segment de couleur (rouge). Elle la place face à elle et, en passant la main sur la barre, prononce le chiffre "1". Elle répète ensuite le même geste avec la barre comportant deux segments de deux couleurs rouge et bleu, après l’avoir posée parallèlement à la première, de telle sorte que les deux segments rouges soient alignés à gauche. L’éducatrice passe à nouveau la main dessus en prononçant "1" sur le premier segment (rouge) puis "2" sur le deuxième segment (bleu). "Il est très important que l’enfant comprenne que la quantité 1 est toujours représentée par ce segment rouge, qui doit donc être placé à gauche selon le sens de lecture." Elle prend enfin la troisième barre à trois segments (rouge/bleu/rouge), qu’elle place parallèlement aux deux premières avant de compter jusqu’à trois. Anne-Jeanne répète une deuxième fois le travail...

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