"Des annonces qui ne répondent pas à nos besoins"
Tout d’abord, j’ai le sentiment que nous tombons tous dans le piège en nous positionnant individuellement et collectivement vis-à-vis de ces annonces. Il n’y a qu’à suivre un petit peu l’actualité politique, ou bien plus prosaïquement de taper « annonces Gabriel Attal » sur un moteur de recherche pour constater que notre nouveau ministre multiplie les interventions publiques au sujet de futures mesures.
En effet, depuis le 5 décembre et la fameuse révélation du « choc des savoirs », l’expérimentation de l’uniforme et la création de cours d’empathie pour les enseignants (sic) ont fait l’objet de puissants communiqués de presse. Invité à réagir le 5 décembre sur le plateau de France Info TV, j’ai été interpellé par une petite phrase de l’une des journalistes, qui s’agaçait de mon refus de me positionner au sujet X (pour ou contre le brevet nécessaire pour passer au lycée ?), Y (pour ou contre les groupes de niveau ?) ou Z (pour ou contre le dernier mot aux profs, pour le redoublement ?) : « Est-ce qu’on peut revenir à l’actualité, c’est-à-dire les annonces du ministre ? ». Or comme je l’ai alors dit, l’actualité de l’Éducation nationale ce ne sont pas les annonces ponctuelles d’un ministre qui n’occupait pas ce poste il y a un an et n’occupera probablement plus ce poste dans quelques mois mais c’est notre travail silencieux, quotidien, sur le terrain (pour rappel : 6 différents titulaires du poste depuis 2012, dont celui qui détient le record de longévité de la Vème République).
J’ai peur que nous accordions trop d’importance à la communication des différents ministres, ce qui leur est évidemment profitable mais ne saurait nous venir réellement en aide dans notre exercice réel du métier.
Par ailleurs, il me semble que les graves difficultés rencontrées par l’école en France sont structurelles et qu’elles nécessitent donc des solutions qui le sont aussi. L’état de notre système scolaire est catastrophique, à la fois :
- pour les élèves, broyés par ce qui ressemble tout de même fortement à une machine à tri social (le taux de bacheliers est toujours de 50% chez les enfants d’ouvriers ; 90% chez les enfants de cadres ; c’est d’ailleurs l’un des enseignements des enquêtes PISA que l’on passe souvent sous silence, alors que les données permettent d’affirmer que notre école est l’une des plus injustes au monde) ;
- et pour les professeurs, dont le sentiment d’être méprisé explique la colère, la frustration et une forme de résignation (rémunérations indignes, scandaleuses même chez les professeurs des écoles et les AESH qui les épaulent ; réformes qui se succèdent sans avoir écouté les premiers concernés - la refonte du lycée professionnel en est le dernier exemple).
Nous résistons chacun à notre façon, par l’implicatio...