Estime de soi et appartenance
L’estime de soi est un concept complexe qui alimente les débats parmi les chercheurs tant au niveau de sa définition que de l’importance qu’il revêt dans la vie des individus. Les premières définitions sont apparues au début du XXe siècle avec le travail du philosophe William James et du sociologue Charles Horton Cooley. James définissait l’estime de soi comme un écart entre le concept de soi réel (les caractéristiques perçues de soi) et celui de soi idéal (les représentations de ce qu’un individu voudrait être). Cooley, avec sa théorie du “soi-miroir”, postulait que le soi se développe à travers le regard et les relations interpersonnelles avec les autres, et en particulier à travers le regard des personnes importantes pour l’individu, ces personnes lui renvoyant une image qu’il intègre par la suite comme son image propre. Aujourd’hui, les chercheurs s’accordent sur le fait que l’estime de soi implique un jugement par la personne même quant à sa valeur propre. Ce jugement influence son attitude et ses sentiments envers elle-même. L’estime de soi est, selon Morris Rosenberg, "une attitude positive ou négative envers soi-même." Un individu qui possède une haute estime de soi “sent simplement qu’il est une personne de valeur”.
Le sentiment d’appartenance
Un sentiment de leur valeur se développe chez les enfants à travers leurs expériences et leurs interactions avec les personnes qui lui importent. En dehors des parents, les enseignants et les pairs représentent de telles personnes et les interactions avec elles contribueront à influencer ses sentiments de valeur et de compétence. L’enseignant a donc un rôle important à jouer dans la gestion des relations et interactions entre élèves au sein de la classe afin de favoriser ce qu’Abraham Maslow appelle le sentiment d’appartenance, inclusion dans la communauté familiale, scolaire, et des hommes en général. Après les besoins physiologiques et de sécurité, ce psychologue identifie les besoins d’appartenance et de reconnaissance comme une condition préalable pour atteindre des objectifs plus élevés, comme la réussite intellectuelle.
Le besoin d’appartenance se développe au fur et à mesure que l’élève avance dans sa scolarité. Vers l’âge de 8 ans, l’approbation des pairs devient essentielle, dépassant parfois celle des parents. Susan Harter signale que le soutien des pairs prédit fortement le niveau d’estime de soi des enfants. Certaines de ses études montrent un lien entre un niveau de soutien élevé de la part des pairs (par exemple, des gestes d’inclusion et des attitudes positives à son égard) et des niveaux élevés d’estime de soi. D’autres études montrent comment le soutien des pairs est accordé aux enfants possédant certaines compétences...