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Entretien

Eve Leleu Galland: "Des mots pour dire..."

Eve Leleu Galland: "Des mots pour dire..."
Difficile tâche des enseignants pour les jours qui viennent : trouver les mots pour parler de "l’innommable", pour rassurer les enfants, restaurer leur capital de confiance dans l’à-venir, dans leur avenir.

Après ce week-end, les reportages en boucle et les commentaires entendus dans les médias, beaucoup d'enfants auront vu des images chaotiques, et entendu parler des attentats. La télévision montre des scènes "de guerre" qui se déroulent tout près de nous et nous déstabilisent. Les enfants perçoivent l'inquiétude de leurs parents, leur difficulté pour être à l’écoute. Sans doute ils vont percevoir la gravité de leurs enseignants qui sont eux-mêmes touchés par l’émotion. Il faudra pourtant être disponible pour répondre aux questions, pour remettre en mouvement l’ordinaire de la vie. Certains enfants sont peut-être plus directement concernés par leurs proches. Certains ont pu être placés en situation de témoins. Plus les enfants sont petits plus la sidération face aux images est importante.

La première démarche des enseignants est de donner aux élèves la possibilité de s’exprimer sur ce qu’ils ont vu, sur ce qu’ils ressentent. Reprendre en les reformulant les faits avec des mots simples, sans éviter la vérité des faits, leur permet de mieux comprendre ce qui s’est passé, les agressions armées d’une grande violence, la mort, le chagrin de ceux qui sont touchés, la solennité des déclarations officielles, les fermetures des magasins, des cinémas, les jours de deuil... Il faut leur donner la possibilité de s’exprimer s’ils en formulent le besoin, sans les forcer. Il faut bien sûr échanger avec eux par la parole, mais aussi les laisser dessiner, les laisser jouer et symboliser ensemble. La littérature de jeunesse permet de passer par la fiction pour opérer le dépassement des images traumatiques.

L’enseignant doit aussi rassurer, parler de mobilisation et de détermination face à des actes de destruction et de mal porté à autrui. Il faut parler de solidarité, d’entraide et de secours. Il faut parler d’attitudes de sécurisation de soi et d’attention qu’il faut avoir aux autres. Le monde dans lequel ils évoluent est devenu dangereux, le danger est dans une proximité plus immédiate. Il faut apprendre à mieux l’identifier et le connaitre pour mieux s’en garantir.

Si des enfants ont été directement confrontés à l’horreur des faits, s’ils sont touchés dans leur famille, il faut les soutenir psychologiquement de manière appuyée.

Les psychologues scolaires peuvent apporter leur écoute aux équipes, pour les conforter dans leur rôle d’éducation, pour appréhender leurs propres peurs, dépasser l’effroi et se rendre disponibles pour les enfants qui ont besoin d’eux.

Après le temps de la stupeur, de la sidération, peut-être de la colère contre des formes de barbarie qui visent à frapper, fragiliser, intimider, il faut que l’école puisse reprendre son travail d’éducation et d’enseignement, que la vie reprenne son cours. C’est vital pour la séc...

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