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"Le confinement, via l’inhibition positive et créatrice qu’il a imposée, pourrait être bon pour l’avenir"

"Le confinement, via l’inhibition positive et créatrice qu’il a imposée, pourrait être bon pour l’avenir"
Olivier Houdé
"Le (dé)confinement, un méga-apprentissage du contrôle inhibiteur dans tous les cerveaux de France et du monde !" C’est en ces termes qu'Olivier Houdé (Professeur à l’Université de Paris, Directeur honoraire du LaPsyDÉ) parle du (dé)confinement dans une Tribune de Cerveau & Psycho. En complément, 3 questions supplémentaires sur Lea.
Comment avez-vous analysé le confinement du point de vue du cerveau ?
 
Olivier Houdé : Depuis mars dernier, nous avons connu, c’est inouï, un méga-apprentissage inédit et synchronisé du contrôle inhibiteur préfrontal dans les dizaines de millions de cerveaux de toute la population française, généralisé dans le pays et même dans le monde. 
 
Cela a été très contre-intuitif :
  • inhiber de sortir de chez soi, alors que d’habitude on le faisait tout le temps,
  • inhiber de tousser en l’air,
  • inhiber de se toucher le visage alors qu’on le fait cent fois par jour,
  • inhiber de courir vers les autres pour les embrasser ou leur serrer la main (la distanciation physique), etc. 
Tous ces comportements contre-intuitifs ont dû être programmés par les neurones de notre cortex préfrontal ! 
 
Cette inhibition dont vous parlez avait-elle aussi une dimension sociale ?   
 
O.H : Cette période de (dé)confinement nous oblige à davantage respecter les autres et à envisager leur point de vue, en inhibant le nôtre pour imaginer leurs perceptions, leurs idées, leurs émotions dont la peur, etc. Se faire une "théorie de l’esprit" de l’autre ! Entraîner les capacités d’inhibition et de flexibilité du cortex préfrontal - inhiber son égocentrisme - est dans ce cas indispensable.
Au plus fort de la crise Covid-19, cette inhibition, au service de l’autre, a même conduit les personnels soignants à l’abnégation !
 
Et pour l’avenir ? 
 
O.H : Ce sera difficile à mesurer, mais on peut faire l’hypothèse neuroscientifique, et formuler l’espérance que, tant pour les apprentissages cognitifs, à l’école ou au travail, que pour notre fonctionnement social, ce confinement, via l’inhibition positive et créatrice qu’il a imposée, sera très bon pour l’avenir.
La moitié du cerveau humain est inhibitrice, mais nous la sollicitions peu, l’éduquions peu à l’école, au profit de la seule sur-activation neuronale toujours plus rapide... Cette crise sanitaire et socio-économico-politique est une opportunité unique de contrôle de soi et de "contrôle de nous" dans le monde à comprendre et à saisir. Pour les questions climatiques par exemple : inhiber de prendre l’avion à tout-va…! 
 
Pour en savoir plus, lisez la tribune d’Olivier Houdé dans Cerveau...
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