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Entretien

Viviane Bouysse : "Rupture et continuité"

Viviane Bouysse : "Rupture et continuité"
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Pour éviter de déstabiliser les enfants, tout en assurant une rupture nécessaire, ménager une continuité effective entre école maternelle dans son ensemble et cycle 2 de l’école élémentaire s’avère indispensable. C'est ce savant dosage entre rupture et continuité que nous explique Viviane Bouysse.

En quoi la liaison entre école maternelle et école élémentaire est-elle indispensable ?
Viviane Bouysse Cette liaison est indispensable parce que le passage d’une école à l’autre correspond à une réelle rupture dans les rythmes et les modalités de travail, dans l’organisation globale de la vie de l’écolier (travail du soir même s’il doit être très limité), dans le positionnement des enfants (grands à la maternelle, ils redeviennent les petits de la “grande école”). Il s’agit d’adoucir cette rupture, d’en éviter les conséquences traumatisantes sans en nier la portée et l’intérêt initiatiques : si pour l’enfant c’est une promotion à valoriser, il faut épargner une possible déstabilisation à l’élève. La liaison doit favoriser la continuité du parcours scolaire en valorisant les acquis de l’école maternelle qui sont des points d’appui pour le parcours élémentaire. Elle doit avoir commencé avant même le début de la Grande Section, puisqu’elle suppose que l’équipe du cycle 2 construise la continuité méthodologique requise par les programmes afin que toute la dernière année de maternelle soit bien orientée. Elle peut se matérialiser dans des visites des grands de maternelle à l’école élémentaire, des projets communs à des classes de grands et des CP, des échanges divers et, au moment même du passage, par la transmission au CP d’un petit bagage, matériel autant que symbolique, qui assure la continuité du parcours.

Quels obstacles rencontre-t-elle ?

V. B. : L’obstacle majeur tient le plus souvent au fait que les élèves d’une classe maternelle vont fréquenter des classes de CP, voire des écoles élémentaires différentes, et que les classes de CP accueillent des élèves venant de classes ou d’écoles maternelles parfois nombreuses. Ce n’est pas rédhibitoire, même si la liaison serait plus aisée s’il y avait correspondance précise de classe à classe, d’un enseignant à un autre. Lorsque cette facilité existe, la liaison n’est pas pour autant toujours réalisée et bien réalisée. Les autres obstacles tiennent à l’absence de tradition, en France, d’un travail collectif et collégial, à des conceptions de la “liberté pédagogique” parfois erronées, à des positions défensives : l’enseignant de maternelle ne veut pas se voir imposer des “commandes” par le CP – à juste raison d’ailleurs – et celui de CP préférerait ne pas savoir ce qui a déjà été acquis car il n’entend pas en tirer parti, ayant “son” manuel, “sa” méthode. Tout cela n’est pas fictif, hélas. Certains considèrent la section de grands comme une propédeutique au CP.

Qu’en pensez-vous ?

V. B. : De fait elle l...

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