L’île de Giovanni
Junpei et Kanta, deux frères, ont reçu leurs prénoms des deux héros d’une célèbre nouvelle, Train de nuit dans la Voie lactée, Giovanni et Campanella. La nouvelle est le beau récit d’une amitié entre deux camarades de classe. La mère de Junpei et Kanta, disparue, aimait ce texte, et leur père a pris l’habitude de leur en faire lire un passage tous les soirs. Cette identification et l’histoire du train qui vole vers les étoiles donne aux garçons la force de supporter les lourdes épreuves qu’ils vont subir. Ces épreuves sont liées à la défaite du Japon à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir côtoyé deux ans les Russes, les habitants des îles annexées sont rapatriés au Japon en 1947.
L’occupation est vécue difficilement par les habitants, qui doivent partager maisons, école et nourriture. Pour se distraire, Junpei et Kanta font marcher leur petite locomotive, qu’ils assimilent au Train de nuit. Les enfants partagent bientôt leur maison avec une famille russe. Tanya la fillette russe intervient malicieusement dans les jeux des garçons en ajoutant une ligne au petit train qui passe désormais dans la partie russe de la maison… Une belle amitié se développe entre Junpei et Tanya, et la famille russe accueille volontiers les deux garçons qui ne mangent pas à leur faim. À l’école, divisée elle aussi entre élèves japonais et élèves russes, les enfants finissent par ne plus refléter les conflits des adultes, surtout grâce à l’amitié entre Junpei et Tanya. Tandis que les enfants japonais chantent une chanson russe, de l’autre côté de la cloison les enfants russes reprennent des refrains japonais. L’oncle des garçons, Hideo, mène de troubles activités ; leur père, Tatsuo, tente de son côté d’aider le peuple de l’île. Il est fait prisonnier, et Junpei pense un instant que Tanya l’a dénoncé. Un beau jour, on annonce que tous les Japonais vont être déportés à Sakhalin. Le père a déjà confié ses enfants à leur institutrice Sawako, le grand-père préfère mourir près de son île plutôt que de partir. Lorsque Kanta apprend que leur camp n’est pas très éloigné du lieu de détention de leur père, il cherche à le revoir. Aidés de l’institutrice et de leur oncle, les garçons vont retrouver brièvement leur père un soir de 31 décembre glacial. Le petit Kanta, malade, ne survivra pas à l’épreuve qu’il s’est imposé, et c’est avec son cadavre sur les épaules que Junpei monte sur le bateau qui les ramène au Japon.
Durant tous ces événements, les garçons gardent espoir en pensant au train qui va vers les étoiles et les conduira là où l’humanité est heureuse. La scène finale rejoint celle de l’ouverture, où l’on voyait un groupe de personnes âgées visitant leur île, cinquante ans après. Dans cette dernière scène, Junpei...