"L’extraordinaire ne sert à rien s’il n’éclaire pas l’ordinaire"
Vous intervenez essentiellement auprès de grands groupes, et depuis peu dans des établissements scolaires. Comment êtes-vous passé de l’un à l’autre ?
En tant que psychosociologue j’ai eu envie de m’intéresser au développement de la personne humaine du début à la fin. Au primaire je suis déjà intervenu pour parler du handicap auprès d’enfants de CE1 / CE2 où j’ai constaté une réceptivité étonnante.
Il est important de passer de l’un à l’autre pour décloisonner les thématiques du handicap et les populations auxquelles je m’adresse. Je suis moi-même père de famille avec des enfants scolarisés au primaire, et j’ai remarqué que souvent les enfants sont intrigués face à une personne handicapé et que lorsqu’ils questionnent leurs parents ("Qu’est-ce qu’il a le monsieur ?"), ils n’obtiennent pas de vraies réponses. Au lieu de dire la vérité les parents préfèrent ne pas en parler alors qu’il faut, au contraire, en parler. Un enfant en élémentaire et même en maternelle ne saura pas comment réagir face à la réalité du handicap en grandissant. Il se souviendra de la réaction de ses parents "on n'en parle pas".
Comment se déroule vos interventions auprès de ce jeune public ?
Je fais un "cours de vie". Je leur apprends à vivre. Il n’y a pas vraiment de matière à l’école qui apprenne vraiment à vivre. Mis à part la bio. Mes interventions sont des témoignages, je puise dans mon expérience du handicap pour les aider à réussir à vivre et à se développer.
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Nous avons tous des préjugés. Il faut les accueillir pour aller au-delà. Nous avons le droit d’avoir des préjugés mais nous avons aussi le devoir de les dépasser et tenter de faire passer ce message à cette population jeune, même au primaire.
Tout ce qui est visible de la personne suscite des préjugés de la part des autres (la façon de s’habiller, les différences sociales, physiques…)
Récemment on parlait du harcèlement. Le harcèlement est un préjugé : être trop gros, s’habiller différemment… Mon handicap suscite des railleries. Il faut montrer qu’à partir de ces railleries on peut découvrir autre chose. Il ne faut pas les interdire. Ce n’est pas en interdisant les moqueries, les rires, l’émotionnel qu’on arrivera à rétablir la vérité de la personne humaine.
Quelles sont les réactions, questions des élèves ? Sont-ils réceptifs ?
Ils sont à la fois étonnés et captivés car je leur permets de mettre des mots sur le handicap. Plus on en parlera et plus ça deviendra, non pas banal, mais "concret". Il n’y a pas de banalité avec le handicap car il n’y a rien de pire que de banaliser les différences. Il s’agit de se servir de ces diffé...